Rémy Hemez, Les opérations de déception, Une histoire de ces ruses de guerre, Perrin, 2022
Les éditions Perrin avaient déjà publié La ruse et la force de Jean-Vincent Holeindre, dans lequel il était déjà question de ruse. Le remarquable ouvrage de Rémy Hemez ne fait aucunement double-emploi car le propos est différente. L’auteur ne traite que des événements survenant à partir de la Première Guerre mondiale, retenant d’ailleurs une grande partie de son propos pour la situation post-guerre froide et, donc, pour l’actualité.
L’auteur connaît à l’évidence le sujet qu’il traite et l’organisation de l’ouvrage, ainsi que la richesse des informations portant sur les conflits récents, actuels ou futurs en font quasiment un manuel est indispensable à tout officier.
La longue introduction, qui permet au lecteur de saisir exactement ce qu’on entend par le vocable de « déception », permet de comprendre d’emblée qu’on a entre les mains un ouvrage captivant et susceptible d’enrichir ses connaissance des la chose militaire. Suivent 7 chapitres chronologiques, l’auteur nous emmenant jusqu’à l’implication de l’intelligence artificielle dans les manoeuvres de déception (et ce n’est nullement de la science-fiction !).
La déception n’est pas la simple ruse. Dépassant le cadre tactique, elle concerne le plus souvent le niveau opératif et surtout stratégique : il s’agit certes d’induire l’ennemi en erreur, mais surtout de lui faire adopter une posture et prendre des décisions qui vont faciliter l’obtention de la victoire.
On apprend beaucoup. Féru de la campagne du Moyen-Orient au cours de la Grande Guerre, j’ai eu la surprise de découvrir que Meinertzhagen n’est nullement à l’origine de la fameuse « ruse de la sacoche ». Le chapitre consacré à la Seconde Guerre mondiale ne peut certes pas faire l’économie de «Bertram », « Fortitude », Mincemeat » et autres « Maskirovka » (celle-ci perdure jusqu’à nos jours), opérations et concepts qui sont fort bien expliqués. J’ai plus appris sur la guerre froide et sur les guerres irrégulières, même si certaines opérations ne m’étaient pas inconnues (celle de la guerre du Kippour): c’est tout l’intérêt d’un livre qui vous apporte du neuf, même à propos des opérations militaires qu’un lecteur connaît a priori le mieux.
Je dois confesser que j’ai été stupéfait par les informations fournies par l’auteur lorsque ce dernier aborde les conflits contemporains (collant même à l’actualité puisqu’il est question de l’Ukraine), mais aussi pour ce à quoi pourraient ressembler les ruses et les opérations de déception dans le futur. Les avancées de la technologie en la matière –capteurs, infrarouge, satellites, matériaux altérant ou camouflant la signature thermique d’un objet, drones, opérations « cyber »…- donnent le vertige. La manière d’utiliser Facebook à des fins de manipulations de l’ennemi ou, plus encore, celle des téléphones mobiles, est certes une évidence, mais elle fait froid dans le dos. Cette partie s’avère particulièrement instructive, mais on mesure combien nos armées occidentales semblent bien démunies avec les moyens dérisoires mis à leur disposition : dans ce domaine, comme dans bien d’autres, la mise au niveau de nos armées implique un effort financier à la fois urgent et nécessaire, ou plutôt indispensable.
Je remercie enfin l’auteur de me citer à la fois dans ses notes, ses sources et ses remerciements.
Un bel ouvrage que je recommande.
Rémy Hemez, Les opérations de déception, Une histoire de ces ruses de guerre, Perrin, 2022
Les éditions Perrin avaient déjà publié La ruse et la force de Jean-Vincent Holeindre, dans lequel il était déjà question de ruse. Le remarquable ouvrage de Rémy Hemez ne fait aucunement double-emploi car le propos est différente. L’auteur ne traite que des événements survenant à partir de la Première Guerre mondiale, retenant d’ailleurs une grande partie de son propos pour la situation post-guerre froide et, donc, pour l’actualité.
L’auteur connaît à l’évidence le sujet qu’il traite et l’organisation de l’ouvrage, ainsi que la richesse des informations portant sur les conflits récents, actuels ou futurs en font quasiment un manuel est indispensable à tout officier.
La longue introduction, qui permet au lecteur de saisir exactement ce qu’on entend par le vocable de « déception », permet de comprendre d’emblée qu’on a entre les mains un ouvrage captivant et susceptible d’enrichir ses connaissance des la chose militaire. Suivent 7 chapitres chronologiques, l’auteur nous emmenant jusqu’à l’implication de l’intelligence artificielle dans les manoeuvres de déception (et ce n’est nullement de la science-fiction !).
La déception n’est pas la simple ruse. Dépassant le cadre tactique, elle concerne le plus souvent le niveau opératif et surtout stratégique : il s’agit certes d’induire l’ennemi en erreur, mais surtout de lui faire adopter une posture et prendre des décisions qui vont faciliter l’obtention de la victoire.
On apprend beaucoup. Féru de la campagne du Moyen-Orient au cours de la Grande Guerre, j’ai eu la surprise de découvrir que Meinertzhagen n’est nullement à l’origine de la fameuse « ruse de la sacoche ». Le chapitre consacré à la Seconde Guerre mondiale ne peut certes pas faire l’économie de «Bertram », « Fortitude », Mincemeat » et autres « Maskirovka » (celle-ci perdure jusqu’à nos jours), opérations et concepts qui sont fort bien expliqués. J’ai plus appris sur la guerre froide et sur les guerres irrégulières, même si certaines opérations ne m’étaient pas inconnues (celle de la guerre du Kippour): c’est tout l’intérêt d’un livre qui vous apporte du neuf, même à propos des opérations militaires qu’un lecteur connaît a priori le mieux.
Je dois confesser que j’ai été stupéfait par les informations fournies par l’auteur lorsque ce dernier aborde les conflits contemporains (collant même à l’actualité puisqu’il est question de l’Ukraine), mais aussi pour ce à quoi pourraient ressembler les ruses et les opérations de déception dans le futur. Les avancées de la technologie en la matière –capteurs, infrarouge, satellites, matériaux altérant ou camouflant la signature thermique d’un objet, drones, opérations « cyber »…- donnent le vertige. La manière d’utiliser Facebook à des fins de manipulations de l’ennemi ou, plus encore, celle des téléphones mobiles, est certes une évidence, mais elle fait froid dans le dos. Cette partie s’avère particulièrement instructive, mais on mesure combien nos armées occidentales semblent bien démunies avec les moyens dérisoires mis à leur disposition : dans ce domaine, comme dans bien d’autres, la mise au niveau de nos armées implique un effort financier à la fois urgent et nécessaire, ou plutôt indispensable.
Je remercie enfin l’auteur de me citer à la fois dans ses notes, ses sources et ses remerciements.
Un bel ouvrage que je recommande.
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