Seconde Guerre Mondiale WWII

1941-1945. L’US ARMY DANS LE PACIFIQUE :DANS L’OMBRE DE L’USMC ?

L'US Army: l'oubliée de la guerre du Pacifique

Dans l’image d’Epinal du grand public, alimentée en partie par Hollywood, la guerre du Pacifique est avant tout un duel de porte-avions dans un ciel constellé de Corsair mais c’est surtout le théâtre d’opération des fameux Marines. Ce sont ces derniers à qui les quelques livres publiés en Français sur ce front font la part belle, quand ils ne portent pas sur Pearl Harbor ou Hiroshima. Pourtant, l’US Army a été elle-aussi très présente dans la guerre menée contre à l’empire du Soleil Levant. Nous attacherons dans cet article à répondre à la question suivante : le rôle de l’US Army a-t-il été secondaire sur ce théâtre des opérations qui embrasse le tiers du globe ?

Un engagement conséquent de l’US Army

J’ai déjà montré, dans un article de la presse spécialisée, combien il a été difficile pour les Alliés de mettre réellement en œuvre le principe du « Germany First ». Ainsi, ce sont 290 000 soldats de la seule US Army qui sont déployés dans les îles du Pacifique, en Australie et en Nouvelle-Zélande avant la fin de 1942. Ce seront au final 3 armées de l’US Army (les 6th, 8th et 10th), 6 corps d’armées et 21 divisions qui serviront dans la lutte contre l’empire nippon. L’USMC fait à première vue pâle figure avec seulement 6 divisions de Marines engagées dans la guerre du Pacifique. Bien plus, ces divisions de Marines ont combattu au sein des IIIrd et Vth Amphibious Corps qui comptaient également des divisions de l’armée.

Si on prend en compte les débarquement (assaut initial seulement) lancés contre un rivage hostile par une force d’au moins un régiment ou une division, on dénombre, entre le débarquement sur Guadalcanal le 7 août 1942 et celui sur la péninsule d’Oroaku le 4 juin 1945, pas moins de 29 opérations amphibies de l’armée contre seulement 12 effectuées par les Marines ainsi qu’une opération conjointe (Okinawa, opération « Iceberg »). Certes, les pages les plus célèbres de la campagne -Guadalcanal, Tarawa, Saipan, Iwo Jima- restent attachées à l’USMC.

L’armée est donc bien présente face aux Japonais. Il convient maintenant de détailler les modalités de ses engagements et les unités impliquées dans la campagne.

La presse : une meilleure couverture des exploits de l’USMC

Les correspondants de guerre américains les plus fameux ont couvert la guerre en Europe, le célèbre Ernie Pyle ne rejoignant le Pacifique que pour Okinawa où il perdra la vie. Par ailleurs, la plupart d’entre eux, à l’instar d’Hemingway, parlent avant tout d’eux-mêmes et de leur propre expérience et non de celle des simples soldats. Le public a pu ainsi avoir l’impression que l’US Army n’était engagée qu’en Europe, face aux Allemands, alors que l’USMC a su mettre en valeur ses exploits. La presse s’est ainsi concentrée sur les batailles navales ainsi que sur les Marines à Wake, Guadalcanal, Tarawa et Iwo Jima.

L’épopée des Philippines

L’histoire de la guerre du Pacifique commence par une série de déboires pour l’armée américaine. Débordées et isolées, les garnisons américaines tombent les unes après les autres. Si les Marines ont eu leur première heure de gloire avec l’épique défense de Wake (qui ne capitule que le 23 décembre 1941), l’armée a elle aussi marqués les esprits pour ses premiers engagements menés face aux Japonais, en l’occurrence aux Philippines, plus particulièrement dans la péninsule de Bataan et sur l’îlot de Corregidor. La présence de Douglas MacArthur, ancien chef d’état-major de l’armée et véritable prima donna y contribue pour une large part. L’archipel est en outre la seule zone où stationne une force américaine substantielle, en l’occurrence la Philippine Division.

Les Américains, loin de défendre Manille comme l’escomptaient les Japonais, établissent leur ligne de défense au nord de la presque île de Bataan. Le 1st Corps du général Wainwright tient l’aile droite des positions américaines tandis que le flanc est confié au 2nd Corps du général Parker. Wainwright dispose de trois divisions philippines ainsi que le reliquat du 26th Cavalry Regiment et de l’artillerie. Parker commande quant à lui quatre divisions philippines et le 57th IR des Philippines Scouts. Les flancs protégés par la mer et un massif volcanique infranchissable, le mont Natib, au centre, les Américains ont réussi à établir de solides positions défensives. Une seconde ligne est établie 13 kilomètres plus au sud est tenue par la Philippine Division. La pointe de la péninsule est en outre défendue par des unités d’infanterie de circonstances formées à partir de marins, d’aviateurs et de troupes des services, hâtivement instruits à la pratique des combats terrestres. Les combats sont disputés et ce n’est que lorsque les Japonais découvrent un chemin sur les pentes du mont Natib que les Américains sont contraints de se replier. Le 26 janvier, les forces américano-philippines se retrouvent sur leur dernière position défensive.

Le 3 avril, la 14e armée japonaise de Homma s’engage dans l’assaut final. Les forces américano-philippines cèdent et le front est enfoncé. L’état des troupes de Wainwright (MacArthur s’est réfugié en Australie après avoir menti en affirmant que des renforts étaient ne route depuis mes Etats-Unis) est à ce moment-là déplorable et il est bien sûr impensable d’envisager tout retour offensif de leur part : 80% des hommes sont atteints de paludisme, 75% souffrent de dysenterie et quelque 35% ont le béribéri. Le général King, commandant les forces de Luçon, estime que la lutte est vaine et il capitule le 9 avril. Les derniers défenseurs américains sont alors réfugiés sir l’île de Corregidor. Toute résistance cesse le 6 mai quand le général Wainwright se résout à l’inévitable et offre la reddition de ses troupes au général Homma. Si en aucune manière la résistance désespérée de Bataan et de Corregidor n’ont retardé les projets d’invasion japonais. La bataille des Philippines a en revanche un indéniable impact psychologique. La défense héroïque des troupes américaines à Corregidor remonte le moral des Américains et renforce leur volonté de vaincre.

Les îles Salomon : dans l’ombre de l’USMC

Il faudra attendre plusieurs mois avant que ne débute la reconquête. La stratégie américaine dans le Pacifique repose sur une double offensive : celle du général MacArthur (Southwest Pacific Area Command), ce qui implique donc un rôle majeur de l’US Army (mais non exclusif car la composante navale est indispensable), et celle de l’amiral Nimitz (Pacific Ocean Command)pour la reconquête des îles du Pacifique central. Cette dernière, bien que conduite opérationnellement par l’US Navy, suppose l’usage de forces terrestres et de Marines pour les combats à terre. A partir de 1942, la plupart des divisions de l’US Army font un arrêt de plusieurs mois dans les îles Hawaï pour y parfaire leur entraînement et assurer des missions de surveillance et de sécurité, qui inclut les îles sur la route maritime menant jusqu’en Australie où de plus en plus de GIs seront également stationnés. Ces exigences feront que davantage de GIs seront à l’exercice ou en garnison plutôt qu’au combat, au moins jusqu’en avril 1945.

L’état-major américain est décidé à conjurer la menace japonaise dans le Pacifique sud en lançant une série d’opérations. La première vise les îles Salomon, plus particulièrement Guadalcanal où les Marines vont écrire une page glorieuse de leur histoire à partir du 7 août 1942, date du premier débarquement effectué par les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 13 octobre, des renforts conséquents, dont des troupes de l’US Army débarquent. L’armée participe donc désormais aux opérations mais le plus dur a été accompli par les seuls Marines auxquels revient le crédit de la victoire (sans oublier le rôle crucial de l’US Navy au cours de la bataille navale très disputée qui a en même temps cours). Le 9 décembre, les hommes de la 1st Marine Division, épuisés par plusieurs mois de combats, peuvent enfin savourer le repos. L’armée, commandée par le général Patch, prend la relève, une large part de la 2nd Marine Division étant toutefois maintenue en ligne. Le nettoyage des monts Austen commence le 17 décembre et les combats sont acharnés face à un adversaire solidement retranché. Après 22 jours d’intense combats dans la jungle, les GIs doivent être relevés par des troupes fraîches qui vont lancer l’ultime attaque. En janvier, le général Patch, qui commande désormais le 14th US Corps (Americal Division, 25th et 43rd Infantry Divisions et 2nd Marine Division) décide de frapper entre le pointe Cruz et Kokumbona. Les combats sont une nouvelle fois très disputés et ce n’est que le 24 janvier que la 25th Infantry Division du général Collins s’empare de Kokumbona. La position de Guadalcanal devient intenable pour les Japonais qui décident d’évacuer l’île.

GIs aux confins de l’Alaska

En avril 1943, un flotte américaine appareille de San Francisco. Objectif : les Aléoutiennes, conquises par les Japonais en mai 1942. Les Américains ont décidé de reconquérir les îles d’Attu et de Kiska. L’essentiel des combats repose sur la 7th ID. Les conditions climatiques sont éprouvante, même au printemps. Certains combats sont particulièrement disputés, à l’image des affrontements pour un escarpement nommé Point Able. 549 Américains périssent au combat (et un millier pour d’autres causes) au cours de cette bataille qui s’achève sur Attu à la fin du mois de mai. En août, une armée de 34 000 hommes, dont 5 500 Canadiens, débarque sur Kiska et ce n’est qu’à ce moment-là que les Américains réalisent que l’île a été évacuée par les Japonais depuis des semaines.

GI vs Marine à Hollywood

A première vue, Hollywood a accordé la part belle à l’USMC sur les écrans, et ce dès la période de la guerre elle-même. Ainsi, « La sentinelle du Pacifique » de John Farrow en 1942 célèbre l’épisode de Wake). L’année suivante, c’est « Guadalcanal » de Lewis Seiler en 1943 puis « Alerte aux marines » de Edward Ludwig, en 1944. L’après-guerre est dans la même veine : « Iwo Jima » (avec John Wayne) de Allan Dwan en 1949, « Okinawa » de Lewis Milestone en 1950, « Les Diables de Guadalcanal » de Nicholas Ray en 1951« L’île des Braves » de Frank Sinatra en 1965, « Windtalkser, les messagers du vent » de John Woe en 2001 et surtout le très réussi diptyque réalisé par Clint Eastwood : « Lettres d’Iwo Jima » et « Mémoires de nos Pères » en 2006. L’US Navy n’est pas oubliée non plus : citons simplement la célèbre« La Bataille de Midway » de Jack Smight en 1976.

L’US Army n’a cependant aucunement été boudée par Hollywood, et ce dès la fin de la guerre avec « Aventures en Birmanie » de Raoul Walsh réalisé en 1945 avec un Errol Flynn au sommet de son talent. « Les Marauders attaquent » de Samuel Fuller en 1962 immortalise la célèbre unité auprès du public tandis que « MacArthur, le général Rebelle », Joseph Sargent (1977) ancre le souvenir un général de l’US Army (après « Patton » en 1970). Enfin, avec « La Ligne Rouge » en 1998, Terence Mallick signe un des plus beaux films sur la guerre du Pacifique et les protagonistes su récit sont des GIs de l’armée de terre. Enfin, même des films plus romantiques et surtout très critiques vis-à-vis de l’armée comme « Tant qu’il y aura des hommes » de Fred Zinnemann  (1953) prennent aussi pour cadre l’US Army quand bien même l’action se déroule dans la Pacifique, en l’occurrence à Hawaï.

Tarawa et Kwajalein : en soutien de l’USMC

Parallèlement aux opérations menées sous la férule de MacArthur, des divisions de l’armée sont impliquées dans l’offensive menée dans le Pacifique central, zone parsemée de milliers de petites îles réunies en archipels, qui s’étend sur plus de 5 400 kilomètres vers l’ouest et le nord-ouest à partir de l’archipel Gilbert, dont l’atoll de Tarawa, situées les plus à l’est sur l’Equateur. L’opération menée dans les Gilbert reçoit le nom de code « Galvanic ». La Task Force 54 du contre-amiral Turner dispose du 5th Amphibious Corps du général Holland Smith, formé de la 2nd USMarine Division et de la 27th US ID. Si les combats menés par les Marines à Tarawa pour la conquête de l’îlot de Bétio sont passés à la postérité, l’opération est menée conjointement avec l’armée qui s’attaque à Makin où les pertes, minimes, ne donnent pas lieu à une médiatisation sur l’aspect dramatique de la guerre et de son coût en vies humaines.

La campagne suivante, livrée dans les Marshall à partir du 31 janvier, soit à peine deux mois après Tarawa, est beaucoup moins sanglante pour les Américains, en dépit de la solidité des fortifications japonaises, souvent bétonnées, et de la lutte acharnée menée par les défenseurs. L’amiral Turner dirige les opérations contre Kwajalein où débarque la 7th ID, tandis que le contre-amiral Connoly mène l’assaut contre les îles de Roi et Namur avec les Marines. A Kwajalein, les débarquements se sont déroulés avec la précision d’un exercice. En l’espace de quatre jours, les GIs occupent toute l’île, pour le prix de 1 000 pertes, dont 173 tués. Les 6 750 défenseurs japonais sont presque tous morts. Les forces du Pacifique central se sont donc emparées d’un important atoll, pourvu de défenses aussi redoutables qu’à Tarawa, mais pour des pertes infiniment moins lourdes. Kwajalein tombe si rapidement que les troupes restées en réserve peuvent être lancées contre Eniwetok. Les défenseurs japonais sont cependant plus nombreux qu’escomptés et l’opposition rencontrée par le 106th IR renforcé par des blindés de l’USMC (ce qui montre donc l’étroite coopération qui peut s’établir entre l’armée et les Marines), est plutôt vive. Il s’avère que les Japonais ont eux aussi tiré les leçons de Tarawa (reste à savoir comment un retour après combat a été possible…). Les défenses sont structurées autour de blockhaus entourés d’un cercle d’abris individuels, souvent protégés par de la tôle ondulée, distants de 3 à 5 mètres, et reliés entre eux et au blockhaus par un réseau de tunnels et de tranchées. Il faut ainsi deux jours et demi pour prendre Eniwetok. Au total, les Japonais subissent 2 700 pertes dans l’atoll, seulement 66 hommes survivant aux combats. Les Marines accusent de leur côté 254 tués et 55 blessés et l’US Army enregistre 94 tués et 311 blessés.

La Nouvelle-Guinée : sauts de puces de MacArthur en direction des Philippines

Mise sur pied en janvier 1943, la 6th Army sera le fer de lance de l’US Army dans sa campagne de reconquête. Dès le mois de février 1943, MacArthur lance une série d’opérations dans les Salomon puis en Nouvelle-Guinée, avant d’entamer en novembre 1943 les offensives destinées à neutraliser Rabaul, pendant que Nimitz frappe au même moment dans les Gilbert à Tarawa. Les forces américaines du sud-ouest Pacifique passent de deux divisions d’infanterie en décembre 1942 à cinq divisions en janvier 1944, sans compter les unités indépendantes et les cinq divisions australiennes combattant aux côtés des Américains. Trois autres divisions d’infanterie sont en voie d’acheminement.

Toutefois, l’isolement de Rabaul représente une tâche ardue. En mars 1943, les objectifs alliés dans le sud-ouest du Pacifique sont précisés par les chefs d’état-major combinés. L’opération est baptisée « Cartwheel ». En août 1943, les Américains du général Collins ont reconquis la Nouvelle-Géorgie, perdant 1 094 tués et 3 873 blessés, pour au moins 2 500 tués japonais. Les Alliés s’attaquent ensuite à Choiseul et débarquent sur Bougainville le 1er décembre. La 3rd Marine Division et la 37th ID esquivent le gros des forces japonaises et construisent deux pistes d’aviation près du cap Torokina, permettant d’assurer la couverture aérienne au-dessus des îles Bismarck. En mars 1944, les Japonais s’évertuent en vain à s’emparer de ces aérodromes et subissent de très lourdes pertes.

La prise de Lae, en Nouvelle-Guinée, participe à l’isolement de Rabaul. Les forces américaines de MacArthur s’attaquent également directement à la Nouvelle-Bretagne et à Rabaul en débarquant à l’ouest de l’île, afin de s’assurer de la maîtrise du détroit de Dampier, entre la mer des Salomon et la mer de Bismarck. Deux opérations sont lancées: le débarquement à Arawe le 15 décembre 1943 et la prise du cap Gloucester le 26 décembre 1943. MacArthur a en effet décidé de débarquer à l’extrémité occidentale de la Nouvelle-Bretagne. Au sud, à Arawe, les artilleurs japonais repoussent l’assaut de la 1ère vague du 112th Cavalry et le taillent en pièces. Le gros des forces américaines réussit toutefois à débarquer, mais se trouve vite englué dans la boue et les marécages. En outre, la mousson bat son plein et handicape fortement les opérations. A ce moment là, Rabaul, complètement isolée, est neutralisée.

Les Américains inaugurent alors une série de débarquement le long des côtes de la Nouvelle-Guinée, toujours plus en avant vers l’ouest, parfois non sans audace. Certes, les moyens restent en deçà des exigences de Mac-Arthur en raison de la priorité en dotation d’engins de débarquement accordée au décisif débarquement en Normandie. Mac-Arthur décide d’éviter le bastion de Wewak, où la 18ème armée japonaise du général Adachi s’apprête à recevoir chaudement les Américains, pour s’attaquer directement à Hollandia. Cette opération représente tout de même un saut de 1 000 kilomètres vers l’ouest. Le 22 avril 1944, les Américains de la 41st ID débarquent sans opposition à Hollandia. 35 kilomètres plus à l’ouest, la 24th ID débarque également sans difficultés dans la baie de Tanahmerah. Afin de prévenir toute contre-attaque de la part des forces nipponnes désormais isolées à Wewak, un régiment de la 41st ID qui s’empare d’Aitape. Outre l’effet de surprise et l’anéantissement des forces aériennes japonaises en Nouvelle-Guinée, un autre élément a favorisé l’entreprise audacieuse de MacArthur. Lorsque la flotte de porte-avions de Nimitz s’attaque à la grande base navale de Truk, les plus grosses unités japonaises ont en fait été repliées sur les Palau et, de là, vers Singapour et le Japon.

L’audace de MacArthur est donc couronnée de succès et celui-ci décide de poursuivre plus en avant l’avantage. C’est ainsi que, le 17 mai, la Tornado Task Force effectue une attaque amphibie à Arare dans la baie de Maffin, à 200 kilomètres à l’ouest d’Hollandia, puis à Wadke le lendemain. Les deux opérations visent à s’emparer d’importantes pistes d’atterrissage et sont couronnées de succès. Entre-temps, Wewak est tombée le 10 mai. Ces succès à répétition ne peuvent qu’encourager la témérité de MacArthur. Fin mai, après la préparation navale et aérienne habituelle, les GIs de la Hurricane Task Force débarquent sans coup férir à Biak. En progressant vers l’intérieur de l’île, les Américains ont pourtant la désagréable surprise de se voir confrontés à de redoutables défenses articulées autour de bunkers. La résistance acharnée des 7 000 hommes du colonel Kuzume s’éternise jusqu’au 22 juin, après un mois de combats.

Saipan : tensions entre l’US Army et l’USMC

Dans le Pacifique central, après Eniwetok, les pires épreuves attendent encore l’US Army. Les opérations de débarquement à Saipan, dans les Mariannes, débutent le 15 juin 1944 à 7 heures pour les Marines. Le 16 juin, des unités de l’armée de terre américaine débarquent à leur tour, en l’occurrence la 27th ID. L’engagement de l’armée de terre dans la bataille au côté des Marines sera d’ailleurs à l’origine de tensions entre les deux corps lorsque le général Holland-Smith relèvera de son commandement le général Ralph C. Smith de la 27th ID. L’attaque principale débute le 22 juin. Tandis que la 2nd Marine Division peine devant le mont Tapotchau, la 27th ID affronte l’adversaire sur un terrain particulièrement difficile mais vient à bout des terribles défenses de la « Vallée de la Mort ». Au 7 juillet, les Japonais n’ont plus d’espace de manœuvre et lancent une charge Banzaï suicidaire au cours de laquelle ils parviennent à profiter d’une brèche pour écraser deux bataillons du 105th IR pour ensuite s’attaquer à des positions d’artillerie des Marines, obligés de se défendre à l’arme individuelle après avoir pilonné les attaquants. Holland-Smith s’insurge à nouveau à l’endroit de la 27th ID et jure de ne plus jamais employer l’unité. De leur côté, les généraux de l’armée de terre sont bien décidés à ne plus jamais servir sous ses ordres. Le 9 juillet, la bataille pour Saipan est arrivée à son terme.

Philippines : la plus grande campagne de l’US Army dans le Pacifique

MacArthur de retour aux Philippiness avec l’US Army

Depuis l’été 1944 et l’irruption de ses forces à l’extrémité ouest de la Nouvelle-Guinée, MacArthur n’est plus distant que de 500 kilomètres de Mindanao, l’île la plus méridionale de l’archipel philippin. Le 20 octobre, avec la 6th US Army du général Krueger, les Américains effectuent leur retour aux Philippines, en l’occurrence sur le rivage est de Leyte, au nord de Mindanao. Le jour même, MacArthur débarque lui-même de façon fort médiatisée, tenant ainsi sa promesse souvent réitérée de revenir aux Philippines. La stratégie japonaise se base alors sur une évaluation erronée des forces en présence et de la puissance américaine. Les amiraux japonais sont en effet convaincus de pouvoir anéantir la flotte américaine au large des Philippines avant d’annihiler la 6th US Army imprudemment débarquée et laissée à elle-même. En fait, la grande bataille navale livrée du 23 au 26 octobre dans le golfe de Leyte s’achève par une victoire retentissante de l’US Navy et élimine en fait les restes de la marine impériale nipponne. Si les combats s’éternisent encore pendant des mois sur Leyte, l’armée américaine contrôle l’île de Leyte. Les Américains ont perdu 3 500 tués et 12 000 blessés contre 49 000 tués japonais.

Le 15 décembre 1944, les forces de MacArthur débarquent sur l’île de Mindoro. La résistance est assez faible. Il ne s’agit en fait que d’une opération préliminaire à l’invasion de Luçon. Le débarquement de la 6th US Army de Krueger sur Luçon est effectué le 9 janvier 1945, sur la côte ouest de l’île. En quelques jours, 175 000 hommes sont à terre. Krueger va disposer en tout de 10 divisons et de 5 régiments indépendants pour cette bataille, qui représente donc la campagne la plus importante de la guerre du Pacifique en terme de troupes engagées à terre par les Etats-Unis. Les premières troupes américaines pénètrent à Manille le 3 février 1945 mais la prise de la ville est sanglante. Cette ville de 800 000 habitants est l’une des plus grandes d’Asie du Sud-Est. Ses édifices publics édifiés en béton pour résister aux tremblements de terre et les anciens forts espagnols constituent des positions défensives excellentes. La résistance japonaise est acharnée et Manille n’est totalement libérée que le 3 mars. La bataille coûte finalement la vie à 100 000 civils philippins. Les combats contre les îlots de résistance sur Mindanao et Luçon se poursuivent toutefois jusqu’à la signature de la reddition inconditionnelle du Japon le 2 septembre 1945. Alors que la bataille fait rage à Okinawa, où sont engagés les Marines, Mac-Arthur et Nimitz doivent à présent préparer leurs plans pour le stade ultime de la guerre du Pacifique : l’invasion du Japon.

Okinawa : l’ultime bataille

Okinawa est le cadre de la dernière intervention –massive- de l’US Army dans la guerre du Pacifique. L’opération est confiée à la 10th US Army–et non à un commandement de Marines– du général Buckner, initialement formée en vue d’une invasion de Formose. Elle s’articule en deux corps, totalisant 4 divisions de l’armée de terre et 3 divisions de Marines, soit 180 000 hommes. Le débarquement a lieu le 1er avril 1945. Les Marines sont chargés de la partie septentrionale de l’île tandis que l’armée s’empare de son côté sans coup férir de l’île de Shima et de son aérodrome.

Okinawa n’est pas une bataille menée par les seuls Marines

En revanche, au cours de son mouvement de progression vers le sud de l’île, l’armée américaine se heurte à une vive résistance, articulée sur un système défensif élaboré qui s’appuie habilement sur la topographie du terrain. Les troupes de l’armée de terre, maintenant épaulée par les Marines, réussissent pourtant à forcer les lignes japonaises et Shuri tombe finalement le 29 mai. Dès lors, les Japonais sont contraints à une irrémédiable retraite et les événements s’accélèrent. Le 10 juin, l’ultime assaut peut être lancé contre le dernier bastion japonais. Les combats acharnés pour le contrôle des hauteurs ne sont pas sans rappeler certains champs de bataille du premier conflit mondial. Le calvaire des Américains est également partagé entre Marines et GIs de l’US Army : il s’appelle « Sugar Loaf » pour la 6th Marine Division ou « Conical Hill » pour la 96th ID. Le 22 juin, le général Geiger, nouveau commandant de la 10th US Army, annonce la fin officielle des combats sur Okinawa. Cette bataille est de loin la plus meurtrière pour les Etats-Unis au cours de la guerre du Pacifique. 12 300 Américains sont morts dont 4 500 appartiennent à l’armée de terre.

Des conditions de guerre difficiles pour le GI

Plus de 3 millions d’Américains vont servir à un moment ou à un autre de la guerre dans le Pacifique et en Asie. Beaucoup n’ont pas entendu un coup de feu. 40% des officiers et 33% des engagés de l’aviation et de l’armée de terre ont passé une période plus ou moins longue sur le front. De fait, les périodes d’accalmie et de repos sont bien plus longues que les périodes de combat, beaucoup plus limitées dans le temps. Une division de l’armée de terre qui passe 19 mois dans le Pacifique totalise 31 jours de combat. Une autre y reste 27 mois et combat 55 jours. En Birmanie et en Nouvelle-Guinée, les unités sont cependant engagées pendant des périodes plus longues. Par contraste, les divisions engagées en Europe restent en ligne pendant des mois. Toutefois, le soldat engagé dans le Pacifique reste en général plus longtemps éloigné de son foyer et l’arrière s’avère souvent aussi chaud et insalubre que le front et les maladies ne sont pas rares. L’ennui touche de nombreux soldats, contraints bien souvent de vivre dans des bases isolées et dépourvues de confort. La lutte qui s’y déroule est néanmoins terrible et les Japonais offrent une résistance opiniâtre, fanatique. Les soldats américains méprisent cet adversaire sans pitié et un sondage effectué en 1944 est révélateur à cet égard : si seulement 5 à 9% des sondés souhaitent réellement tuer un Allemand, le taux monte de 38 à 48% en ce qui concerne les Japonais.

Forces spéciales en Asie-Pacifique

La seule unité de l’US Army engagée auprès des Chinois, en l’occurrence en Birmanie, baptisée force Galahad, ou 1688th Detachment, puis 5 307th Composite Unit, Provisional, le 1er janvier 1944, ou encore appelée les Marauders de Merrill, du nom du 1er commandant de l’unité (le surnom a été donné par James Shepley, journaliste de Time-Life), ne rassemble que 2 850 hommes, théoriquement rompus au combat dans la jungle et tous volontaires. Ces hommes vont combattre héroïquement dans des conditions particulièrement difficiles. L’exploit réalisé par les Marauders est sans conteste la prise de Myitkyina et de son important aérodrome en mai 1944, même si les combats s’y éternisèrent jusqu’au mois de juillet. Fin mai, il n’y a alors plus que 200 Marauders de valides ! La mission est couronnée de succès grâce à une marche forcée exténuante exécutée de concert avec plusieurs unités chinoises. Toutefois, Stilwell a beaucoup trop exigé des ses hommes et 80% des Marauders, totalement épuisés, sont hospitalisés. Galahad n’est plus opérationnelle. Pourtant l’unité est reconstituée et rejoint ensuite la Task Force Mars, comprenant le 475th Infantry Regiment (ex-5 307), le 124th Cavalry, le 612th Field Artillery et un régiment chinois. Une unité de l’OSS, le service d’espionnage américain, sert également sous les ordres de Stilwell : le détachement 101 du major Eifler. Pendant cette campagne de Myitkyina, les Rangers kachins se battent aux côtés des forces de Merrill. Fin 1944, le détachement 101 compte 566 Américains et près de 10 000 Kachins. Les pertes totales qu’il inflige aux Japonais sont estimées à 5 500, pour seulement 15 tués Américains et à peine 200 Kachins. En outre, plus de 200 aviateurs alliés sont secourus par l’unité.

Parmi les autres forces spéciales de l’US Army engagées dans la lutte contre les Japonais, citons : le 6th Rangers Battalion du colonel Mucci qui va combattre en Nouvelle-Guinée puis aux Philippines; la Canadian-American First Special Force engagée dans les Aléoutiennes ; le 158th IR (dit « Bushmaster ») qui servira en Nouvelle-Bretagne, en Nouvelle-Guinée et aux Philippines ; les Alamo Scouts qui font office d’unité spéciale de reconnaissance pour la 6th Army

Principales unités de l’US Army en Asie-Pacifique

  • Armées : 6th, 8th et 10th
  • Corps : I, IX, X, XI, XIV et XXIV
  • Divisions : Americal Division (American New Caledonian Division, mise sur pied en mai 1942 dans cette possession française), Philippine Division, 1st Cavalry, 11th Airborne, 6th, 7th, 24th, 25th, 27th, 31st, 32nd, 33rd, 37th, 38th, 81st, 93rd, 96th et 98th ID
  • Régiments indépendants : 503rd PIR, 112th Cavalry, 111th, 147th et 148th IR

Des barges de débarquement pour l’US Army !

Alors qu’en Europe, les GIs sont acheminés dans des péniches pilotées par du personnel de la Navy ou même par des Britanniques, ce n’est pas forcément le cas dans le Pacifique. Des unités du génie de l’armée de navires et de plages sont regroupées à raison de trois régiments pour chacune des quatre ESB ou Engineer Special Brigades. Chaque régiment aligne 7 400 hommes, 270 LCVP, 270 LCM, 32 navires de contrôle, 51 navires de patrouille, de sauvetage et d’appui-feu, 21 bateaux auxiliaires et 50 DUKWs. Plusieurs de ces ESB participeront aux opérations menées par la 7e force amphibie dans le nord des Salomons, en Nouvelle-Guinée et aux Philippines. L’armée possède également des bataillon de chars et de tracteurs amphibies ainsi que des unités de camions amphibies (DUKWs).

Blindés de l’armée face aux Japonais

Un Sherman sur le front du Pacifique

Les unités blindées américaines n’ont bien sûr pas été conçues avec l’idée de devoir combattre dans la jungle, cette dernière étant toutefois loin de recouvrir tous les champs de bataille du Pacifique. Mais quelle unité de chars ne l’a jamais été ? Lors de l’invasion des Philippines, les M3 Stuart des 192nd et 194th Tanks Battalions affrontent les Japonais, parfois dans la jungle. Lors de la reconquête, le 754th Tank Battalion intervient sur Bougainville avec ses M3 (qui ne sont pas obsolètes si on les jauge avec les tanks et les antichars japonais) puis des M4 Sherman à partir de janvier 1944. Il faut s’adapter à la jungle : se soutenant mutuellement avec les fantassins, les Sherman visent les embrasures et obligent les défenseurs à se mettre à l’abri. Sur chaque flanc, les Stuart tirent avec des schrapnels dont ne disposent pas les M4 : leur tâche est d’éliminer les snipers dans les arbres et de soutenir les M4 en mitraillant les attaques suicides de porteurs de mines japonais. Les 44th et 110th Battalions participent aux combats en Nouvelle-Guinée. Le 713th est tout très particulier car c’est l’unique bataillon de l’armée entraîné en tant qu’unité de chars lance-flammes. La bataille d’Okinawa lui coûtera cependant 16 Sherman détruits par les tirs adverses et 25 autres perdus pour d’autres raisons. Au cours de cette même campagne, le 193rd Tank Battalion subit les effets dévastateurs d’une mauvaise coopération avec des fantassins de la 27th ID : sur 30 Sherman engagés au cours d’une attaque, seuls 8 engins parviennent à rallier les lignes. Le fait que les Japonais ne disposent que de très peu de chars implique que l’armée américaine ne déploie que très peu de bataillons de Tank Destroyers dans le Pacifique. Le TD M10 a fait son baptême du feu sur ce théâtre des opérations sur Kwajalein, en soutien de la 7th US ID et au sein d’un Tank Battalion (ce qui est inhabituel). Le 1er bataillon de Tank Destroyer à combattre dans le Pacifique sera le 819th, à Peleliu. Trois bataillons participent à la campagne des Philippines (632nd, 637th et 640th).

Au 1er janvier 1945 :

13 bataillons de chars sont dans le Pacifique : 44th, 193rd, 706th, 710th, 711th, 713th Armored Flamethrower, 716th, 754th, 762nd, 763rd, 766th, 767th, et 775th.

5 sont encore aux Etats-Unis : 28th, 779th et 785th qui seront tous convoyés aux Philippines en 1945 mais ils ne participeront à aucun combat.

6 bataillons de Tank Destroyers sont dans le Pacifique : 632nd (M10), 637th (M18), 640th (M10), 671st (M18), 806th (M10) et 819th (M10).

Les aéroportés dans la guerre du Pacifique

Le 511th PIR, seul régiment de paras de la 11th Airborne

Le premier assaut aéroporté dans le Pacifique est mené par le 503rd PRCT (Parachute Regimental Combat Team) sur Nazdab, en Nouvelle-Guinée. Moins célèbres que leurs camarades des 82nd et 101st Airborne Divisions qui se sont couverts de gloire en Europe, les aéroportés de la 11th Airborne Division dite « Angels » (« Hell Angels » pour les GIs qui en font partie) et du 503rd PRCT ont eu aussi mené des opérations hardies dignes des meilleures pages des annales des forces de cette arme. Les paras et les « gliders » vont être engagés en Nouvelle-Guinée, en Indonésie et aux Philippines. Le 3e et dernier largage du 503rd PRCT sur Corregidor le 15 janvier 1945 constitue le saut opérationnel le plus périlleux effectué par une unité de paras américains. Le terrain, très accidenté, comprend de très nombreux obstacles naturels et humains (ruines, trous d’obus…) et 25% des hommes se blessent à l’atterrissage. Néanmoins, la vaillance et le professionnalisme de ces soldats d’élite leur permet de venir à bout de la garnison nippone (163 tués chez les paras américains pour 5 000 chez les Japonais). Le 511th PIR, seul régiment de paras de la 11th Airborne (qui compte deux régiments de soldats aéroportés par planeurs –les 187th et 188th- en sus de l’artillerie) est acheminé par bateau sur Leyte en novembre 1944 puis effectue de petits largages, notamment à partir de Piper Cubs. Soutenant les combats sur Luçon par un parachutage, le régiment participe aux terribles combats pour Manille. Un régiment participera au raid visant à libérer les internés civils et militaires américains de Los Banos. Lorsque la guerre s’achève, c’est à Okinwa qu’est déployée la 11th Airborne, renforcée par le 541 PIR tandis que le 188th Glider est devenu également un PIR. Au final, de petites opérations en regard de celles qui ont été menés contre les Allemands, d’autant que beaucoup d’interventions ont été amphibies avec très peu d’utilisation de planeurs (qui seront en revanche essentiels aux Chindits britanniques en Birmanie). La contribution de l’US Army est ici essentielle puisque l’USMC ne compte aucune unité aéroportée.

Les divisions de l’US Army ayant eu le plus de pertes dans le Pacifique

Comparaison avec l’USMC

  • 7th US ID : 9 212 pertes (en Europe, les pertes de la 3rd US ID sont de 25 977 GIs)
  • 96th US ID : 8 812 pertes
  • 77th US ID : 7 461 pertes
  • 32nd US ID : 7 268 pertes
  • 24th US ID : 7 012 pertes
  • 1st Marine Div : 19 284 pertes
  • 4th Marine Div : 17 722 pertes
  • 2nd Marine Div : 11 482 pertes
  • 3rd Marine Div : 8 676 pertes
  • 5th Marine Div : 8 563 pertes
  • 6th Marine Div : 8 226 pertes

Une prédominance des unités de l’US Army

Sur les 5 divisions américaines envoyées en renforts face aux Japonais en 1942, on ne compte qu’une seule division de Marine (la 1st, avec des éléments de la 2nd) alors que l’armée en expédie quatre (27th, 32nd, 37th et 43rd).

Dans le Pacifique du Sud-Ouest (MacArthur), seules deux divisions de Marines ont été engagées, et ce uniquement en début de guerre, pour la campagne des Salomon, soit essentiellement à Guadalcanal : les 1st et 2nd Marine Division en 1942-43, puis elles sont engagées dans le Pacifique Central de 1943 à 1945. Les 3rd, 4th, 5th et 6th Marine Divisions n’ont combattu que dans le Pacifique Central à partir de 1944 (1945 pour la 5th). En 1944, les divisions de Marine combattent dans le Pacifique Central aux côtés de 4 divisions d’infanterie (la 7th dans les Marshall, la 27th à Saipan, la 77th à Guam et la 81th sur Peleliu) alors que dans le Sud-Ouest Pacifique les 6th (Krueger) et 8th (Eichelberger) alignent 18 divisions de l’armée en vue de la campagne des Philippines. A Okinawa, la 10th Army de Buckner (un général de l’US Army, donc), fait montre de davantage de parité puisqu’elle aligne 4 divisions de l’armée pour 2 des Marines.

Au final, les Etats-Unis engageront plus de fantassins de l’US Army face aux Japonais qu’il n’y a de Marines. Certaines campagnes ont été menées par la seule armée de terre : Philippines (1942), Aléoutiennes, Birmanie, Nouvelle-Guinée, Philippines (1944-45), Bornéo. En revanche, sous le commandement de Nimitz (ainsi qu’à Guadalcanal), la tâche la plus dure, ce qui implique souvent l’assaut initial est dévolu aux forces de Marines.

Epilogue

Si la guerre s’était poursuivie, l’implication de l’US Army aurait était encore davantage marquée. Ainsi ; les projets de débarquement au Japon pour l’automne et l’hiver 1945 (opération « Olympic ») impliquent 650 000 hommes et 14 divisons, dont 3 de Marines. Certes, en mai 1945, si plus de 5 millions de soldats de l’armée américaines sont déployés outre-mer, on en dénombre qu’à peine un demi-million dans le Pacifique et près de 800 000 avec MacArthur, un total certes non négligeable en soi. Loin d’avoir été un partenaire secondaire dans la reconquête du Pacifique, l’armée a tenu un rôle aux côtés de l’USMC et surtout de l’US Navy, cette dernière s’avérant évidemment indispensable et décisive pour assurer la victoire sur le Japon.