Antiquité Livre

Recension “Rome, naissance d’un empire. De Romulus à Pompée. 753-70 av. J.-C.”

Une excellente somme qui fera date...

Stéphane Bourdin et Catherine Virlouvet, Rome, naissance d’un empire. De Romulus à Pompée, 753-70 av. J.-C., Belin, 796 pages

Quelle réussite que cette collection “Mondes Anciens” publiée chez Belin et dirigée par Joël Cornette. Chaque nouveau tome est une merveille et procure de bien beaux moments de lectures.

Ce dernier ouvrage, portant sur l’histoire romaine des origines à -70, est peut-être celui qui m’a le plus passionné. La qualité habituelle de la collection est au rendez-vous: un texte solide et pertinent servi par la plume de spécialistes, une iconographie aussi abondante que réussie, des encadrés nombreux, utiles et bienvenus (d’une variété remarquable: on apprend beaucoup et dans tous les domaines) et, enfin, le final habituel “L’atelier de l’historien”, qui a toujours son intérêt.

Les auteurs nous emmène à la (re)découverte des pages parmi les plus illustres et les plus palpitantes de l’histoire de Rome: celles, marquées par le mythe, des origines, la période royale et les siècles d’expansion de l’empire sous la République. Je ne m’étais jusqu’alors jamais rendu compte de l’importance de la superficie de la Rome des premiers siècles par rapport aux autres cités contemporaines de l’Antiquité.

Ce faisant, ils nous proposent aussi nombre d’éléments sur la connaissance des diverses civilisations avec lesquelles les Romains entrent en contact: Latins, Samnites, Etrusques, Celtes, Carthaginois, Grecs, Orientaux… Le propos ne se limite pas à la seule narration des épisodes guerriers, qui ont certes ma préférence, mais tous les faits de civilisations sont traités avec, il faut le souligner, le souci de mettre à la portée des lecteurs les dernières avancées de la recherche.

La question cruciale de la mise en place et de l’évolution des systèmes et institutions politiques sont très bien amenés (le fait qu’il n’y ait sans doute pas encore de consuls au temps de Brutus et de Publicola est intéressante) et clairement expliqués, de même, dans un des chapitres finaux parmi les plus passionnants du livre, tout ce qui a trait à la religion des Romains.

Enée, Romulus, Horatius Coclès, les Tarquins, Camille, Coriolan, Cincinnatus, Caton, les Scipion, Marius, Sylla, Pompée, etc: un plaisir non feint de lire de nouveau sur ces illustres Romains (et Troyen…), plus ou moins mythiques. Impressionné par le savoir dispensé dans ce long texte, je reste toutefois dubitatif quand les auteurs remettent en cause la véracité de certains événements des temps les plus reculés de l’histoire de Rome, voire du temps des Gracques, mais les auteurs sont des spécialistes qui ne s’avancent pas à la légère, la qualité de l’ensemble proposé en faisant foi.

Un tel ouvrage, de part la densité et la qualité des informations, ne peut que faire date. Les passionnés d’Histoire ancienne ne doivent pas passer à côté de ce livre…

Au final, un seul mot: magistral !