Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Recension de  “The Day Rommel was stopped. The battle of Ruweisat ridge, 2 july 1942”

Un éclairage sur El Alamein

Francis et Chris Jephson, The Day Rommel was stopped. The battle of Ruweisat ridge, 2 july 1942, Casemate, 2017, 238 pages 

Chris Jephson publie le texte des recherches opérées par son père, officier d’artillerie au 11th Field Regiment (et donc à la fois témoin et acteur des faits relatés), à propos de la journée du 2 juillet 1942, présentée de façon exagérée comme un « tournant de la guerre » due à l’intervention de quelques dizaines de canons d’artillerie et antichars britanniques, et en particulier ceux de « Robcol ». Il est indéniable que l’élan de Rommel en direction du Caire et d’Alexandrie, mais il en va de aussi de bien d’autres raisons. Le récit est parfois confus (avec des digressions ou des anticipations), mais instructif, certes focalisé avant tout sur quelques unités d’artillerie, mais n’hésitant pas à prendre de la hauteur. La montée en ligne depuis l’Irak, la présentation des différentes unités d’artillerie et des chefs impliqués, les journées précédant l’affrontement, Mersa Matrouh, le combat de Deir el Shein du 1er juillet, l’importance donnée au moral à la vue de la silhouette sur la route côtière à El Alamein… : l’auteur aborde de nombreux sujets, mais on aurait aimé une approche strictement chronologique (qui est certes en partie retenue). Le texte nous offre toutefois des informations originales et le récit de la bataille est bien mené, quoiqu’il aurait été bien d’en avoir la version de l’autre camp… En tout cas un récit qui manquait et qui m’a rappelé ma vision de la crête de Ruweisat quand je me suis rendu sur les lieux (quoique n’ayant alors pas déterminé ma position avec précision, je pense que j’étais plutôt au niveau de la crête d’Alam Halfa…). On constate que tout se joue à peu de chose entre des forces assez réduites de part et d’autre : on est loin des effectifs –relativement- pléthoriques et des denses champs de mines que sera le champ de bataille d’El Alamein un ou deux mois plus tard, et surtout en octobre de la même année. Affirmer que la porte d’Alexandrie s’est trouvé un instant ouverte et qu’il n’y avait rien derrière ces canons c’est toutefois forcer quelque peu le trait. Si le fait que Rommel remporte une ultime victoire à El Alamein était du domaine du possible (mais sans être aisé), conquérir l’Egypte est une autre chose…