Seconde Guerre Mondiale WWII

Une gare passée à la postérité 

Une simple gare qui donne son nom à une bataille

EL ALAMEIN: UNE GARE PASSEE A LA POSTERITE 

La gare en 1942

 

La gare au 21e siècle…

El Alamein est une gare ferroviaire qui va donner son nom à une bataille. Elle a été édifiée dans les années 1920. El Alamein signifierait les deux cairns ou les deux drapeaux. En arabe, en effet, « A’alam » signifie drapeau et « ein » est la marque de la paire, du duel. Ce sont des bédouins qui ont baptisé ainsi le lieu au moment de la construction de la gare. Les hommes du génie qui ont bâti celle-ci avaient en effet planté deux drapeaux pour en marquer l’emplacement. A cette époque, pas de village, encore moins de station balnéaire… 

L’intérêt porté à cet endroit a priori insignifiant débute en fait assez tôt au cours de la Seconde Guerre mondiale. Lorsqu’en juin 1941, le général Auchinleck succède au général Wavell en temps que commandant en chef au Moyen-Orient, il ordonne la construction de positions défensives à El Alamein. Il s’écoule en fait une année avant que ces positions soient utilisées au combat. La configuration particulière du terrain confère à la position d’El Alamein son intérêt et son caractère exceptionnel. Il s’agit de la seule ligne de défense dans le désert occidental qui soit limitée au sud par la dépression de Qattara, ses sables mous et ses marais salés réputés infranchissables. Les 60 kilomètres du front sont donc délimités au nord par la mer et au sud par la dépression. Impossible à contourner, la position d’El Alamein est donc naturellement forte. Elle peut même devenir formidable avec la mise en place de fortifications de campagne efficaces. Elle offre par ailleurs un atout non négligeable pour toute opération défensive : on peut s’y établir en profondeur. Pour un œil non initié, l’aspect du terrain à El Alamein paraît de prime abord plutôt plat et monotone. En fait, ces étendues sont ponctuées de quelques reliefs essentiels du point de vue tactique. La moindre crête permet de dissimuler des positions à l’ennemi à contre-pente tout en fournissant un observatoire idéal. La moindre dépression favorise la dissimulation des blindés et des antichars embossés au ras du sol. 

Photo Benoît Rondeau

 

A l’extrême nord, séparée de la mer et des dunes blanches de la plage par une étroite bande de marais salants, la route côtière s’étire le long d’une petite crête. Celle-ci est primordiale car elle offre des vues sur le terrain situé à l’ouest et au sud-ouest. 

Au sud de cette ligne de collines côtière le désert semble vide, hormis les herbes à chameaux qui le recouvrent. La nature du sol peut y varier considérablement à quelques centaines de mètres de distance, passant de la roche dure couverte d’un mince filet de sable à des zones de sable mou. A peu près au centre de la position, au sud-ouest, se trouve le deuxième élément naturel remarquable : Qaret el Abd. De cette hauteur on peut observer tous les alentours, mais à proximité le terrain accidenté est peu praticable aux véhicules. Entre El Alamein et Qaret el Abd on distingue d’autres éléments essentiels du terrain, notamment deux crêtes imperceptibles à l’œil nu à une certaine distance. La crête de Ruweisat, orientée est-ouest, se trouve environ à mi-parcours entre les deux et domine un terrain plat, plus praticable au sud, tandis que le terrain est plus mou au nord. Un peu plus au nord se situe la petite dépression de Deir el Shein et, encore plus au nord, la crête de Miteiriya. A l’ouest d’El Alamein se trouve la colline de Tell el Eisa (Tell signifie crête) et, encore plus à l’ouest, ce qui sera appelé « Kidney Ridge », puis Tell el Aqqaqir. A l’est de Qaret el Abd s’étend Bare Ridge jusqu’au Point 102. Au-delà se trouve la crête d’Alam el Halfa. 

Au sud de Qaret el Abd, le terrain est différent. Les escarpements et les dépressions rendent les mouvements difficiles. Certains reliefs sont imposants, comme le Gebel Kalakh, au sud-sud-ouest de Qaret el Abd, qui s’étire en direction de Qaret el Himeimat puis vers Samaket Gaballa. Sur le rebord de la dépression de Qattara se trouve Naqb Abu Dweiss, un pic élevé et inaccessible, et donc de peu de valeur militaire excepté comme poste d’observation. 

Un attaquant venant de l’ouest dispose de trois axes de pénétration possibles pour forcer la position d’El Alamein. Le premier se situe le long de la côte, au nord de la crête de Ruweisat. Le deuxième, au centre, au nord de Qaret el Abd, oblige de s’orienter vers l’est entre Ruweisat et Alam Halfa. Enfin, une troisième possibilité s’offre à l’assaillant dans le secteur sud du front, au nord du Gebel Kalakh et d’Himeimat.