Pegasus Bridge
Seconde Guerre Mondiale WWII

Recension « Pegasus Bridge. Batterie de Merville » de von Keusgen

Un récit très vivant des opérations pour la prise du fameux pont « Pegasus Bridge » et la batterie de Merville.

Helmut Konrad von Keusgen, Pegasus Bridge. Batterie de Merville. Deux opérations commandos du Jour J, Heimdal, 247 pages, 2018

Helmut Konrad von Keusgen a déjà signé plusieurs livres remarquables sur le D-Day, ce dernier ouvrage (paru en allemand en 2014) est de la même veine. Le texte se lit facilement et avec plaisir. Keusgen a fait l’effort de puiser des informations en se rendant en personne dans les archives. A l’instar de Didier Lodieu, lui aussi remarqué pour ses ouvrages traitant d’unités allemandes engagées en Normandie, Keusgen a  également multiplié les interviews avec des vétérans allemands directement impliqués par les événements relatés. Mais Keusgen, bien que cherchant à donner la vision allemande -peu connue- de ces deux attaques, a mis un point d’honneur pour rencontrer également les aéroportés anglais. Ce faisant, il nous livre un récit très vivant des opérations pour la prise du fameux pont « Pegasus Bridge », ainsi que pour les combats menés pour la batterie de Merville. Les longues pages consacrées à la période précédant le débarquement, agrémentée de témoignages, sont d’un grand intérêt. Si la partie consacrée aux Britanniques est mieux connue des amateurs, on y apprend beaucoup sur la mise en place des fortifications côté allemand. J’ai particulièrement apprécié les passages consacrées au point d’appui de la redoute de Franceville, que j’ai arpenté si souvent dans ma jeunesse. Le récit des opérations est précis et passionnant, même pour un amateur averti, surtout si, comme moi, il visualise parfaitement des lieux qu’il connaît très bien. Keusgen met en exergue les contradictions entre le compte-rendu des attaques donné par les Britanniques et la version allemande. On laissera au lecteur le soin de les découvrir. Le texte est par ailleurs annoté avec bonheur par Paul Cherrier, qui fournit des informations complémentaires très utiles, voire corrige quelques imprécisions. On peut objecter que Keusgen ne se démarque peut-être pas assez des témoignages oraux, qui fournissent l’essentiel de la base de sa version des événements, Keusgen qui, par ailleurs -et c’est un écueil qui n’est pas isolé dans le monde des historiens spécialistes de la bataille de Normandie (pire encore pour les aficionados du front de l’Est)- commet des erreurs dès qu’il s’agit d’évoquer la guerre du désert (il confond SAS et LRDG…). Keusgen ne semble pas non plus savoir que Gause a précédé Speidel en qualité de chef d’état-major de Rommel jusqu’au 15 avril… Quelques erreurs qui ne gâchent nullement la qualité de l’ouvrage, que tout passionné du Jour J se doit de lire: même si on n’est pas forcément convaincu par tous les éléments avancés (deux exemples: celui du planeur qui se serait écrasé sur la batterie de Merville à une heure bien suspecte; par ailleurs, d’autres récits donnés par des Allemands, dans d’autres ouvrages, présentent l’attaque de Pegasus Bridge différemment, y compris dans le rôle à accorder à Römer…) les faits relatés sont troublants et le récit est enrichissant, ne serait-ce que par les témoignages et les questions qu’il soulève (mais je n’arrive pas à croire à un débarquement sur Merville-Franceville…) . L’ouvrage est accompagné d’une riche iconographie, marque et force des éditions Heimdal, ainsi que de nombreux plans de bunkers ainsi que des cartes. Une lecture plaisante que je recommande vivement.