Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, Les Maréchaux de Staline, Perrin, 2020
Une belle initiative d’un tandem qui nous gratifie de sommes incontournables sur la guerre germano-soviétique. Le propos du nouveau livre de Jean Lopez et de Lasha Otkhmezuri est de plus inédit: les maréchaux de Staline. Alors qu’on ne compte plus les études de Rommel, Manstein, Montgomery, Patton et autres généraux de la France Libre, bien connus dans l’hexagone, les officiers soviétiques restent méconnus (comme les Britanniques ou les Japonais, d’ailleurs).
Certes, Jean Lopez a publié un livre remarqué sur Joukov, certes les amateurs de la Seconde Guerre mondiale connaissent les Koniev, Rokossovski, Boudienny, Timochenko…, mais ce regard porté sur 17 des 38 maréchaux rouges permet de jeter un regard neuf sur la période et aussi de découvrir la carrière ante bellum de ces individus.
Outre la découverte du parcours et des personnalités de ces maréchaux, présentés dans l’ordre chronologique de leur accession au maréchalat, les auteurs nous emmènent dans les arcanes du système stalinien, avec tout ce que cela suppose de paranoïa, de violence et de fourberie. On reste parfois stupéfait (voire animé d’un sentiment de malaise) devant l’extrême brutalité de certains faits rapportés. Les purges des années 1930 retiennent toute l’attention (et pas seulement le cas de Toukhatchevski) et le lecteur observera avec attention la genèse puis la mise en application de l’art opératif, si spécifique à l’armée soviétique, qui lui a si bien réussi en 1944-45, mais à un moment où la Wehrmacht engage des moyens considérables à l’Ouest.
Concernant la “Grande Guerre patriotique”, ce livre nous invite également à suivre les traces de ces militaires hors de sentiers battus des batailles de Moscou, de Stalingrad, de Koursk, de Biélorussie et de Berlin. Ces affrontements ne sont certes pas ignorés, cela va de soi, mais on apprécie les longs passages consacrés à Kharkov, Smolensk, la Finlande (39/40 et 44) ou encore la Mandchourie en 1945.
Bien mieux, le lecteur découvrira l’armée russe et l’Armée rouge au coeur de la Première Guerre mondiale, mais aussi et surtout lors de la Guerre Civile, avec des parcours parfois étonnants, ainsi qu’en Chine face à Tchang Kai-Chek, mais aussi, à plusieurs reprises, contre les Japonais. Des passages qui justifient presque la lecture du livre à eux seuls.
Un chapitre introductif fort intéressant est suivi de 17 chapitres présentant chacun un des maréchaux, dont les origines sociales ou le faible niveau scolaire peut surprendre pour qui connaît leurs homologues allemands ou anglo-saxons. On apprend beaucoup. Les surprises ne manquent pas. Rokossovski est ainsi présenté comme étant le plus stalinien (il n’était donc guère rancunier…). Les conditions de l’ascension et/ou la chute des différents personnages présentés, ainsi que leurs relations avec le Vojd -Staline- de même que leur devenir après la guerre intéresseront plus d’un lecteur.
On (re)-découvre également les rivalités entre maréchaux, savamment entretenues par Staline. Un détail qui me rappelle l’absurdité avancée par un historien de la Seconde Guerre mondiale (très marqué politiquement et qui avait contrevenu à l’éthique non partisane attendue dans la profession) qui avait osé avancer que la concurrence néfaste entre généraux américains en 1944-45 s’expliquait par l’ambiance libérale et compétitive propre à la société capitaliste étasunienne au sein de laquelle ils avaient été élevés…
En dépit de la taille du livre, j’en recommande une lecture assez concentrée dans le temps, afin de bien suivre en parallèle les destins croisés et parallèles des tous ces hommes de Staline, dont beaucoup sont très peu connus (personnellement, j’aurais trouvé plus efficace de traiter de tous ces destins en parallèle selon un plan chronologique…).
A lire sans hésiter: une réussite !
Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, Les Maréchaux de Staline, Perrin, 2020
Une belle initiative d’un tandem qui nous gratifie de sommes incontournables sur la guerre germano-soviétique. Le propos du nouveau livre de Jean Lopez et de Lasha Otkhmezuri est de plus inédit: les maréchaux de Staline. Alors qu’on ne compte plus les études de Rommel, Manstein, Montgomery, Patton et autres généraux de la France Libre, bien connus dans l’hexagone, les officiers soviétiques restent méconnus (comme les Britanniques ou les Japonais, d’ailleurs).
Certes, Jean Lopez a publié un livre remarqué sur Joukov, certes les amateurs de la Seconde Guerre mondiale connaissent les Koniev, Rokossovski, Boudienny, Timochenko…, mais ce regard porté sur 17 des 38 maréchaux rouges permet de jeter un regard neuf sur la période et aussi de découvrir la carrière ante bellum de ces individus.
Outre la découverte du parcours et des personnalités de ces maréchaux, présentés dans l’ordre chronologique de leur accession au maréchalat, les auteurs nous emmènent dans les arcanes du système stalinien, avec tout ce que cela suppose de paranoïa, de violence et de fourberie. On reste parfois stupéfait (voire animé d’un sentiment de malaise) devant l’extrême brutalité de certains faits rapportés. Les purges des années 1930 retiennent toute l’attention (et pas seulement le cas de Toukhatchevski) et le lecteur observera avec attention la genèse puis la mise en application de l’art opératif, si spécifique à l’armée soviétique, qui lui a si bien réussi en 1944-45, mais à un moment où la Wehrmacht engage des moyens considérables à l’Ouest.
Concernant la “Grande Guerre patriotique”, ce livre nous invite également à suivre les traces de ces militaires hors de sentiers battus des batailles de Moscou, de Stalingrad, de Koursk, de Biélorussie et de Berlin. Ces affrontements ne sont certes pas ignorés, cela va de soi, mais on apprécie les longs passages consacrés à Kharkov, Smolensk, la Finlande (39/40 et 44) ou encore la Mandchourie en 1945.
Bien mieux, le lecteur découvrira l’armée russe et l’Armée rouge au coeur de la Première Guerre mondiale, mais aussi et surtout lors de la Guerre Civile, avec des parcours parfois étonnants, ainsi qu’en Chine face à Tchang Kai-Chek, mais aussi, à plusieurs reprises, contre les Japonais. Des passages qui justifient presque la lecture du livre à eux seuls.
Un chapitre introductif fort intéressant est suivi de 17 chapitres présentant chacun un des maréchaux, dont les origines sociales ou le faible niveau scolaire peut surprendre pour qui connaît leurs homologues allemands ou anglo-saxons. On apprend beaucoup. Les surprises ne manquent pas. Rokossovski est ainsi présenté comme étant le plus stalinien (il n’était donc guère rancunier…). Les conditions de l’ascension et/ou la chute des différents personnages présentés, ainsi que leurs relations avec le Vojd -Staline- de même que leur devenir après la guerre intéresseront plus d’un lecteur.
On (re)-découvre également les rivalités entre maréchaux, savamment entretenues par Staline. Un détail qui me rappelle l’absurdité avancée par un historien de la Seconde Guerre mondiale (très marqué politiquement et qui avait contrevenu à l’éthique non partisane attendue dans la profession) qui avait osé avancer que la concurrence néfaste entre généraux américains en 1944-45 s’expliquait par l’ambiance libérale et compétitive propre à la société capitaliste étasunienne au sein de laquelle ils avaient été élevés…
En dépit de la taille du livre, j’en recommande une lecture assez concentrée dans le temps, afin de bien suivre en parallèle les destins croisés et parallèles des tous ces hommes de Staline, dont beaucoup sont très peu connus (personnellement, j’aurais trouvé plus efficace de traiter de tous ces destins en parallèle selon un plan chronologique…).
A lire sans hésiter: une réussite !
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