Marie Moutier-Bitan, Le pacte antisémite. Le début de la Shoah en Galicie orientale, Passés Composés, 2023
On ne présente plus la brillante Marie Moutier-Bitan, qui fait honneur à la recherche française sur la période de la Seconde Guerre mondiale et dont l’oeuvre s’inscrit avec bonheur dans la lutte contre toutes les formes de négationnisme et de révisionnisme. Cette auteure a le don de nous permettre de nous captiver et de lire avec aisance le récit, en dépit de l’atrocité des violences relatées.
Ce nouveau livre, qui complète avec bonheur Les champs de la Shoah, est le fruit d’un travail conséquent mené sur le terrain, dans les archives et avec le concours de témoignages recueillis in situ, mais aussi en décryptant des images. Très descriptive de l’atmosphère et de l’apparence des lieux, Marie Moutier-Bitan nous fait revivre ses pérégrinations sur les lieux, ce qui, comme elle l’écrit elle-même, n’est plus possible de nos jours.
Le début de l’ouvrage a le mérite de nous plonger dans la complexité des populations de Galicie orientale et de la notion fort ardue de l’identité dans cette région aux multiples influences, à la culture bigarrée. On redécouvre d’emblée combien il était difficile d’être juif avant même l’arrivée des Allemands.
Celle-ci se traduit par la tragédie de la « Shoah par balles » dès les premiers stades de l’opération « Barbarossa ». Le concours actif des populations locales est évident, de même que les mises en scènes des nazis (la découverte de charniers de massacres perpétrés par les Soviétiques constitue à cet égard une aubaine). Des passages détaillés sur la question de l’incendie des synagogues ou détaillant le processus d’une fusillade, ou encore l’attitude glaçante des foules qui s’en prennent aux Juifs, témoignages à l’appui dans tous les cas, constituent des points saillants du texte, de même que la déposition du chef de l’Einsatzgruppe D à Nuremberg.
Les Einsatzgruppen, Sonderkommando, polices diverses et autres SS sont loin de constituer les seuls bourreaux. La complicité d’Ukrainiens (préparée en amont), mais aussi de la Wehrmacht (qui n’a rien de l’image d’armée apolitique et « propre » qu’elle a si longtemps voulu donner), ainsi que celle des forces roumaines, slovaques et hongroises, ne fait aucun doute. Nazis et populations locales se rejoignent dans un « pacte antisémite » débouchant sur la catastrophe que l’on sait.
Bref, un bel ouvrage d’une historienne de premier plan.
Marie Moutier-Bitan, Le pacte antisémite. Le début de la Shoah en Galicie orientale, Passés Composés, 2023
On ne présente plus la brillante Marie Moutier-Bitan, qui fait honneur à la recherche française sur la période de la Seconde Guerre mondiale et dont l’oeuvre s’inscrit avec bonheur dans la lutte contre toutes les formes de négationnisme et de révisionnisme. Cette auteure a le don de nous permettre de nous captiver et de lire avec aisance le récit, en dépit de l’atrocité des violences relatées.
Ce nouveau livre, qui complète avec bonheur Les champs de la Shoah, est le fruit d’un travail conséquent mené sur le terrain, dans les archives et avec le concours de témoignages recueillis in situ, mais aussi en décryptant des images. Très descriptive de l’atmosphère et de l’apparence des lieux, Marie Moutier-Bitan nous fait revivre ses pérégrinations sur les lieux, ce qui, comme elle l’écrit elle-même, n’est plus possible de nos jours.
Le début de l’ouvrage a le mérite de nous plonger dans la complexité des populations de Galicie orientale et de la notion fort ardue de l’identité dans cette région aux multiples influences, à la culture bigarrée. On redécouvre d’emblée combien il était difficile d’être juif avant même l’arrivée des Allemands.
Celle-ci se traduit par la tragédie de la « Shoah par balles » dès les premiers stades de l’opération « Barbarossa ». Le concours actif des populations locales est évident, de même que les mises en scènes des nazis (la découverte de charniers de massacres perpétrés par les Soviétiques constitue à cet égard une aubaine). Des passages détaillés sur la question de l’incendie des synagogues ou détaillant le processus d’une fusillade, ou encore l’attitude glaçante des foules qui s’en prennent aux Juifs, témoignages à l’appui dans tous les cas, constituent des points saillants du texte, de même que la déposition du chef de l’Einsatzgruppe D à Nuremberg.
Les Einsatzgruppen, Sonderkommando, polices diverses et autres SS sont loin de constituer les seuls bourreaux. La complicité d’Ukrainiens (préparée en amont), mais aussi de la Wehrmacht (qui n’a rien de l’image d’armée apolitique et « propre » qu’elle a si longtemps voulu donner), ainsi que celle des forces roumaines, slovaques et hongroises, ne fait aucun doute. Nazis et populations locales se rejoignent dans un « pacte antisémite » débouchant sur la catastrophe que l’on sait.
Bref, un bel ouvrage d’une historienne de premier plan.
231 illustrations NARA et IWM légendées en complément de mon livre “La préparation du Jour J”
Recension “Okinawa”
Recension “Une autre histoire des samouraïs”
“LA PREPARATION DU JOUR J” éditions Ouest-France
Recension “Infographie des guerres franco-allemandes”