Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Recension “La première armée française” de Claire Miot

Etude intéressante et documentée

Je pense que cette armée est de loin celle qui m’intéresse le moins de toutes les armées alliées de la Libération. Si j’estime que le soldat de l’Empire britannique fait figure de grand oublié parmi les vainqueurs (en dehors du Commonwealth), ce n’est certes pas le cas, dans l’Hexagone,  des armées françaises, FFI et FFL en tête, suivi par le CEF, pour ne pas parler de la Résistance. On ne compte plus les ouvrages qui leur sont consacrés. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont forcément redondants. De fait, cet intéressant ouvrage ne fait pas double-emploi avec d’autres. Les passages qui ont le plus retenus mon attention sont ceux qui concernent la levée des divisions françaises, les différents amalgames (FFL/Armée d’Afrique et Armée B/FFI), ainsi que la composition des unités de l’armée française. L’autre passage le plus notable est celui qui porte sur le comportement des forces françaises avec les civils (bien étudié et consternant : il n’y a nullement matière à en être fier), plus particulièrement en Allemagne (les lignes consacrées au maintien de l’autorité après l’évanouissement de l’administration de Vichy et le retrait de la Wehrmacht sont également instructives). Les combats ne sont pas oubliés, mais ce ils ne constituent pas le coeur du propos de l’ouvrage, par ailleurs bien documenté, ce qui pourrait décevoir ceux qui attendent une narration des batailles par le menu. L’auteure ne manque pas non plus d’évoquer le choc des égos et des personnalités chez nos généraux, mais aussi les tensions d’ordre politique. Notre dette envers De Gaulle et notre armée renaissante est grande pour la place de notre pays après la guerre, mais celle-ci doit encore plus à nos Alliés, à la libération impensable sans leur concours, mais aussi à leur bienveillance envers une armée et un pays qui ont failli en 1940. En lisant ce livre, l’apport mesuré de l’armée française à la victoire et son entière dépendance des Alliés laisse songeur en regard du statut de nos forces armées en mai 1940 : l’armée française était alors l’une des meilleures du monde, alors qu’en 1945 elle ne joue que les seconds rôles, à tout point de vue. Au final, une belle étude, documentée, qui ravira les amateurs.