Louis Clerc, La Finlande pendant la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 2023
Excellent, instructif et novateur.
L’historiographie française de la Seconde Guerre mondiale s’enrichit d’un ouvrage traitant d’un sujet assez méconnu et qui n’avait jamais fait l’objet d’une étude publiée : la Finlande pendant les années 1930 et 1940.
L’auteur dépasse les bornes chronologiques de la Seconde Guerre mondiale, par trop contraignantes, ce qui s’avère indispensable à la fois pour expliquer la spécificité de la situation finlandaise, si particulière, ainsi que ses relations avec le voisin russe sur le long terme, mais aussi pour apprécier les conséquences de la guerre sur le pays.
Historien parfaitement au fait d’un Etat qu’il connait bien et dans lequel il enseigne, Louis Clerc met un point d’honneur à dépasser les événements militaires pour appréhender l’histoire de la Finlande dans sa totalité : les données politiques, sociales et économiques, indispensables pour saisir les événements relatés, occupent une large place dans la narration et sont en fait la clé d’une bonne compréhension du cas -je le souligne de nouveau- si spécifique de la Finlande.
Pour le lecteur, c’est l’occasion de découvrir un panel de personnalités méconnues (pas facile au premier abord de se rappeler qui est qui…), au-delà du célèbre -à tout le moins auprès des passionnés de la Seconde Guerre mondiale-, maréchal Mannerheim : Juho Paasikivi notamment, mais aussi bien d’autres hommes politiques et militaires finlandais, mais aussi des diplomates étrangers, méconnus dans l’Hexagone (à l’exception de Jdanov…).
Car ce pays, écartelé entre l’Allemagne (la référence culturelle d’un pays pourtant proche de la Scandinavie) et la Russie (puis l’Union soviétique) a dû louvoyer sur le plan des relations internationales, ainsi que dans ses choix économiques, l’Europe de l’Ouest (et du Nord), ainsi que les Etats-Unis tenant ici également une importance non négligeable que l’on découvre.
Le lecteur comprendra aisément que le cas de la Finlande est particulièrement complexe, unique pays démocratique à s’allier avec Hitler (même si d’alliance formelle il n’y eût jamais). Le pays a fait plus que se compromettre en combattant côte à côte avec les nazis, pourtant, l’image d’Epinal qu’il renvoie de ces années noires est celui d’un petit pays dont les forces héroïques ont tenu tête à l’ogre soviétique et qui est resté à l’écart du cortège d’atrocités si spécifique au front de l’Est. La réalité est plus nuancée… Elle est parfois stupéfiante. Les conditions de la guerre d’hiver de 39/45 et notamment la position de la France et du Royaume-Uni, les atermoiements finlandais dès 1941, les conditions du revirement contre l’Allemagne en 1944, ainsi que les relations complexes avec les Occidentaux, mais aussi son voisin suédois, sont fort instructives: gageons que, comme moi, la plupart des lecteurs, apprendrons beaucoup.
La fin de l’ouvrage, fort instructive, aborde la question de la mémoire de la période 1939-1945. Le sort du pays aurait pu être tout autre, mais la Finlande a bénéficié de sa situation périphérique, mais aussi du contexte de la Guerre Froide.
Enfin, comment ne pas esquisser un parallèle avec l’Ukraine. Il y a des points communs, mais aussi des différences de taille, que l’auteur nous explique, sujet également abordé dans une introduction inspirée signée Jean Lopez.
Il ne suffit pas de publier un livre sur un sujet original et jusque-là jamais abordé pour que travail proposé soit de qualité et fasse date, loin s’en faut, mais nous avons ici un ouvrage bien fait, sérieux et documenté : indéniablement la référence en la matière. Ce livre est donc à lire sans modération.
Je regrette seulement que nombre de localités citées dans le récit des combats de 39/40 puis de 41/45 ne figurent pas sur les cartes (celles-ci indiquent d’ailleurs des armées finlandaises là où le texte évoque des corps…).
Louis Clerc, La Finlande pendant la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 2023
Excellent, instructif et novateur.
L’historiographie française de la Seconde Guerre mondiale s’enrichit d’un ouvrage traitant d’un sujet assez méconnu et qui n’avait jamais fait l’objet d’une étude publiée : la Finlande pendant les années 1930 et 1940.
L’auteur dépasse les bornes chronologiques de la Seconde Guerre mondiale, par trop contraignantes, ce qui s’avère indispensable à la fois pour expliquer la spécificité de la situation finlandaise, si particulière, ainsi que ses relations avec le voisin russe sur le long terme, mais aussi pour apprécier les conséquences de la guerre sur le pays.
Historien parfaitement au fait d’un Etat qu’il connait bien et dans lequel il enseigne, Louis Clerc met un point d’honneur à dépasser les événements militaires pour appréhender l’histoire de la Finlande dans sa totalité : les données politiques, sociales et économiques, indispensables pour saisir les événements relatés, occupent une large place dans la narration et sont en fait la clé d’une bonne compréhension du cas -je le souligne de nouveau- si spécifique de la Finlande.
Pour le lecteur, c’est l’occasion de découvrir un panel de personnalités méconnues (pas facile au premier abord de se rappeler qui est qui…), au-delà du célèbre -à tout le moins auprès des passionnés de la Seconde Guerre mondiale-, maréchal Mannerheim : Juho Paasikivi notamment, mais aussi bien d’autres hommes politiques et militaires finlandais, mais aussi des diplomates étrangers, méconnus dans l’Hexagone (à l’exception de Jdanov…).
Car ce pays, écartelé entre l’Allemagne (la référence culturelle d’un pays pourtant proche de la Scandinavie) et la Russie (puis l’Union soviétique) a dû louvoyer sur le plan des relations internationales, ainsi que dans ses choix économiques, l’Europe de l’Ouest (et du Nord), ainsi que les Etats-Unis tenant ici également une importance non négligeable que l’on découvre.
Le lecteur comprendra aisément que le cas de la Finlande est particulièrement complexe, unique pays démocratique à s’allier avec Hitler (même si d’alliance formelle il n’y eût jamais). Le pays a fait plus que se compromettre en combattant côte à côte avec les nazis, pourtant, l’image d’Epinal qu’il renvoie de ces années noires est celui d’un petit pays dont les forces héroïques ont tenu tête à l’ogre soviétique et qui est resté à l’écart du cortège d’atrocités si spécifique au front de l’Est. La réalité est plus nuancée… Elle est parfois stupéfiante. Les conditions de la guerre d’hiver de 39/45 et notamment la position de la France et du Royaume-Uni, les atermoiements finlandais dès 1941, les conditions du revirement contre l’Allemagne en 1944, ainsi que les relations complexes avec les Occidentaux, mais aussi son voisin suédois, sont fort instructives: gageons que, comme moi, la plupart des lecteurs, apprendrons beaucoup.
La fin de l’ouvrage, fort instructive, aborde la question de la mémoire de la période 1939-1945. Le sort du pays aurait pu être tout autre, mais la Finlande a bénéficié de sa situation périphérique, mais aussi du contexte de la Guerre Froide.
Enfin, comment ne pas esquisser un parallèle avec l’Ukraine. Il y a des points communs, mais aussi des différences de taille, que l’auteur nous explique, sujet également abordé dans une introduction inspirée signée Jean Lopez.
Il ne suffit pas de publier un livre sur un sujet original et jusque-là jamais abordé pour que travail proposé soit de qualité et fasse date, loin s’en faut, mais nous avons ici un ouvrage bien fait, sérieux et documenté : indéniablement la référence en la matière. Ce livre est donc à lire sans modération.
Je regrette seulement que nombre de localités citées dans le récit des combats de 39/40 puis de 41/45 ne figurent pas sur les cartes (celles-ci indiquent d’ailleurs des armées finlandaises là où le texte évoque des corps…).
231 illustrations NARA et IWM légendées en complément de mon livre “La préparation du Jour J”
Recension “Okinawa”
Recension “Une autre histoire des samouraïs”
“LA PREPARATION DU JOUR J” éditions Ouest-France
Recension “Infographie des guerres franco-allemandes”