Jean Lopez (direction), L’Armée rouge. Innovatrice, libératrice, prédatrice, Perrin, 2023
Une très belle iconographie et un livre servi par des cartes claires et des encadrés aux graphismes efficaces
Quatre grandes parties : I/Les débuts de l’Armée rouge des paysans et des ouvriers ; II/ Le temps des désastres ; III/ La renaissance ; III/ Des hommes et des femmes en armes. Le tout est suivi d’un glossaire bien pratique.
L’entame de l’ouvrage est consacrée aux prémices de cette armée passée à la postérité, une mise en place dans le cadre de la Révolution bolchevique, avec un maître d’oeuvre : Trotsky, même si l’empreinte de Frounzé est davantage pérenne et d’importance. Elle a constitué pour moi la partie la plus instructive.
De longs passages sont consacrées à la doctrine militaire soviétique et son fameux art opératif, dont on exagère –à mes yeux- la portée, mais qui reste une révolution intellectuelle sur le plan militaire et témoigne de la qualité de la pensée stratégique au plus haut niveau de cette armée si honnie en Occident pendant des décennies. On comprend combien ces théories sont liées au contexte russe, et en particulier la guerre civile, avec ses opérations sur la profondeur menées avec des effectifs somme toute relativement limités eût égard à l’espace concerné.
Je pense que les auteurs en font parfois un peu trop sur l’art opératif soviétique. C’est d’ailleurs quasiment l’unique point du livre que je critiquerai, bien que cette critique reste mesurée car les propos sur cet art opératif sont essentiels pour saisir la façon dont l’Armée rouge appréhende la bataille et les opérations (et c’est fort bien expliqué), mais de là à penser qu’il s’agit-là de la clé de la victoire, que la doctrine a fonctionné, ou qu’elle soit davantage efficiente que le modus operandi des autres armées, c’est à voir, selon moi.
Des efforts tout de même, à propos du Lend-Lease, et ce à plusieurs reprises, mais on peine à admettre à quel point le « second front » est essentiel et déterminant.
Le matériel mythique est présenté : T-34, Sturmovik, Katioucha (comparés avec le matériel allemand), évoqués dans des articles efficaces.
On n’oublie pas davantage Staline, les grands généraux ou encore les commissaires politiques.
Les batailles sont décryptées, plus particulièrement la guerre contre la Pologne de 1919-1920, la guerre russo-finlandaise, « Barbarossa », Stalingrad, Koursk, « Bagration », le lac Balaton, mais selon une perspective qui va au-delà de la bataille stricto-sensu pour, à chaque fois, embrasser une vision plus large : ainsi du saillant de l’opération « Mars » et du saillant de Rjev pour Stalingrad. Les raisons des succès et des échecs sont clairement expliqués, de même que les forces et les faiblesses de cette armée.
Le livre comporte aussi un certain nombre de témoignages bien choisis et commentés, n’oubliant nullement ces femmes qui ont servi sous l’uniforme en première ligne, si caractéristiques de l’Armée rouge.
Certes, comme il s’agit d’une compilation de textes parus au fil des ans dans “Guerres & Histoire”, on est donc assuré de la qualité du contenu, mais aussi du fait qu’il risque d’y avoir des manques, faute d’ajouter de nouveaux articles sur des points non abordés (services médicaux, logistiques, de nombreuses campagnes, …). Ceci étant, l’ensemble est cohérent et couvre bien des aspects, les principaux.
Jean Lopez (direction), L’Armée rouge. Innovatrice, libératrice, prédatrice, Perrin, 2023
Une très belle iconographie et un livre servi par des cartes claires et des encadrés aux graphismes efficaces
Quatre grandes parties : I/Les débuts de l’Armée rouge des paysans et des ouvriers ; II/ Le temps des désastres ; III/ La renaissance ; III/ Des hommes et des femmes en armes. Le tout est suivi d’un glossaire bien pratique.
L’entame de l’ouvrage est consacrée aux prémices de cette armée passée à la postérité, une mise en place dans le cadre de la Révolution bolchevique, avec un maître d’oeuvre : Trotsky, même si l’empreinte de Frounzé est davantage pérenne et d’importance. Elle a constitué pour moi la partie la plus instructive.
De longs passages sont consacrées à la doctrine militaire soviétique et son fameux art opératif, dont on exagère –à mes yeux- la portée, mais qui reste une révolution intellectuelle sur le plan militaire et témoigne de la qualité de la pensée stratégique au plus haut niveau de cette armée si honnie en Occident pendant des décennies. On comprend combien ces théories sont liées au contexte russe, et en particulier la guerre civile, avec ses opérations sur la profondeur menées avec des effectifs somme toute relativement limités eût égard à l’espace concerné.
Je pense que les auteurs en font parfois un peu trop sur l’art opératif soviétique. C’est d’ailleurs quasiment l’unique point du livre que je critiquerai, bien que cette critique reste mesurée car les propos sur cet art opératif sont essentiels pour saisir la façon dont l’Armée rouge appréhende la bataille et les opérations (et c’est fort bien expliqué), mais de là à penser qu’il s’agit-là de la clé de la victoire, que la doctrine a fonctionné, ou qu’elle soit davantage efficiente que le modus operandi des autres armées, c’est à voir, selon moi.
Des efforts tout de même, à propos du Lend-Lease, et ce à plusieurs reprises, mais on peine à admettre à quel point le « second front » est essentiel et déterminant.
Le matériel mythique est présenté : T-34, Sturmovik, Katioucha (comparés avec le matériel allemand), évoqués dans des articles efficaces.
On n’oublie pas davantage Staline, les grands généraux ou encore les commissaires politiques.
Les batailles sont décryptées, plus particulièrement la guerre contre la Pologne de 1919-1920, la guerre russo-finlandaise, « Barbarossa », Stalingrad, Koursk, « Bagration », le lac Balaton, mais selon une perspective qui va au-delà de la bataille stricto-sensu pour, à chaque fois, embrasser une vision plus large : ainsi du saillant de l’opération « Mars » et du saillant de Rjev pour Stalingrad. Les raisons des succès et des échecs sont clairement expliqués, de même que les forces et les faiblesses de cette armée.
Le livre comporte aussi un certain nombre de témoignages bien choisis et commentés, n’oubliant nullement ces femmes qui ont servi sous l’uniforme en première ligne, si caractéristiques de l’Armée rouge.
Certes, comme il s’agit d’une compilation de textes parus au fil des ans dans “Guerres & Histoire”, on est donc assuré de la qualité du contenu, mais aussi du fait qu’il risque d’y avoir des manques, faute d’ajouter de nouveaux articles sur des points non abordés (services médicaux, logistiques, de nombreuses campagnes, …). Ceci étant, l’ensemble est cohérent et couvre bien des aspects, les principaux.
Au final, on a vraiment un très bel album.
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