Dans l'équipe de Staline
Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Recension « Dans l’équipe de Staline » de Sheila Fizpatrick

Le grand mérite de cet ouvrage est de nous faire découvrir les principaux leaders de l’Union soviétique qui entouraient Staline.

Sheila Fizpatrick, Dans l’équipe de Staline, Perrin, 2018 

Le grand mérite de cet ouvrage est de nous faire découvrir les principaux leaders de l’Union soviétique qui entouraient Staline tels que Ordjonikidze, Mikoyan, Kaganovitch, etc. Le « Vojd » feint en effet en quelque sorte de diriger l’Etat de façon collégiale, simple primus inter pares au sein du Poliburo, Kalinine étant notamment de facto le chef de l’Etat en titre. Pourtant, le véritable leader est sans conteste Staline, comme l’illustre l’épisode des purges. La façon dont les opposants sont écartés est éclairante. On appréciera aussi la fidélité des hommes-liges tels que Béria et Molotov (dont la femme n’est pourtant pas épargnée), jamais assurés de leur place au sein du système. Ce qui est remarquable, c’est de découvrir la familiarité des rapports entre Staline et nombre de membres du Politburo, jusque dans la manière de s’adresser à lui, avec parfois un franc-parler ou des prises de position qui peuvent surprendre. Aussi sanguinaire soit-il, le dictateur, beaucoup plus cultivé qu’on ne l’a prétendu, apparaît dans sa simplicité, bon vivant lors des moments de détente entre amis. Au fil des pages, le lecteur comprend le fonctionnement de l’Etat soviétique, criminel et liberticide, mais très différent de l’autre dictature totalitaire à laquelle on a souvent tort de le comparer : l’Allemagne nazie. L’étude ne débute pas avec un Staline maître des destinées de l’URSS, puisqu’une première partie est logiquement consacrée à son entourage au temps où Lénine est au pouvoir, partie suivie d’une description des tensions avec les « factions » et la lutte contre Trotski, qui aboutit à l’éviction de ce dernier. L’auteure a également le mérite de nous faire découvrir toute une galerie de portraits de personnalités féminine, les épouses et filles des dirigeants soviétiques. Le final ne manque pas d’intérêt : le système peut-il perdurer sans le « Vojd » ? De fait, l’équipe disparaît avec Khrouchtchev. Staline ne gagne certes pas en sympathie, qu’il ne mérite pas, mais le personnage et sa place dans l’Histoire sont trop considérables pour qu’on n’y attache pas de l’importance. Cette étude sérieuse et érudite est donc la bienvenue.