Cinéma Seconde Guerre Mondiale WWII

FILM DE GUERRE / WAR MOVIE : FURY

Au sein d'un équipage de tank

Sorti en 2014, réalisé par David Ayer, Fury nous emmène au coeur de deux expériences négligées jusqu’alors dans la filmographie consacrée à la Seconde Guerre mondiale: la vie quotidienne d’un équipage de tank et la campagne d’Allemagne de 1945.

Le rythme et l’action sont au rendez-vous, avec en outre l’avantage de la présence d’acteurs de premier plan, avec Brad Pitt dans le premier rôle.

Le sergent Don Collier, alias Brad Pitt

L’action se déroule en 1945, peu avant la fin de la guerre. A ce stade du conflit, les GI’s n’entendent pas prendre des risques inutiles: on n’aime jamais mourir à la guerre, encore moins être le dernier à mourir..

Collier est un vétéran. Son supérieur n’est qu’un “bleu” sans grande expérience, sans doute tout juste promu de West Point. Une réalité qui a eu cours en plus d’une occasion à la suite des lourdes pertes en cadres essuyées depuis la Normandie.

Autre éléments réaliste du film: l’arrivée d’un remplaçant, Norman Ellison, un “bleu” lui aussi, arrivée qui ne se réalise jamais en unité constituée mais individuellement, avec tout ce que cela suppose de difficultés à s’intégrer au sein d’un groupe, ce qui est d’autant plus vital dans le cas présent, celui d’un équipage de tank.

Un Sherman comprend cinq hommes d’équipage. Collier a mené toutes les campagnes depuis la Tunisie avec trois des membres de son tank. Film américain oblige, l’un des tankistes est résolument religieux (Collier est lui-même fort versé dans la Bible) et l’un de ses hommes est un hispanique.

L’ensemble du film est assez réaliste, dans une ambiance boueuse. On assiste à la préparation des opérations et à la transmission des instructions. Les scènes d’action sont réussies et multiples: combat urbain, embuscade près d’une haie, assaut à travers champ, combat contre antichars, duel entre blindés, défense tout azimut depuis un engin immobilisé…

On pourra certes questionner le réalisme de ces combats, mais ils sont bien filmés et bénéficient de matériels d’époque. On y voit en particulier le Tiger I de Bovington, le seul en état de marche dans le monde (celui de Saumur le sera à son tour, qui plus est avec sa motorisation d’origine, ce qui n’est pas le cas de l’engin possédé par les Britanniques). Le combat final avec l’unité SS est épique et haletante, mais peu réaliste à mes yeux : à quoi servent les Panzerfaust On peut certes imaginer des recrues inexpérimentées de la dernière heure… On se demande aussi pourquoi les Sherman se déplacent généralement sans escorte -ne serait-ce qu’une ou deux jeeps ou un half-track- et pourquoi ne procède t-on à aucune reconnaissance.

Norme devenue habituelle -mais déjà présente dans Le Jour le Plus Long– le réalisateur n’élude pas la question des crimes de guerre, qu’ils soient ici le fait de GI’s ou bien de SS (les pendus de la ville). Il n’exclut pas non plus d’éventuelles malversations envers les civils allemands, les pillages, voire les viols. Seule la droiture de Collier empêche la situation chez les deux hôtesses allemandes, forcées d’accueillir ces GI’s à leur table, de dégénérer. L’idylle entre Norman et la jeune allemande est un rappel du caractère éphémère de l’existence, évidemment particulièrement d’acuité en temps de guerre.

Le film est remarquable dans le sens où il nous plonge dans le quotidien à l’intérieur d’un tank, et ce aux côtés des cinq hommes de l’équipage dont on découvre les rôles respectifs.

Des Sherman bien trop serrés et à découvert, sans soutien de l’artillerie, ni des mortiers ni de l’aviation, à tout le moins dans un premier temps.

Un Tiger I de premier modèle en 1945, c’est en effet possible dans un III. Reich aux abois qui fait flèche de tout bois et emploie les engins d’écolage, mais un duel à bout portant c’est impossible… Comme dans tous les films, heureusement que les méchants sont lents et maladroits!

Le M4A3E8 va frapper de flanc ou de dos: c’est en effet sous cet angle qu’un Tiger est vulnérable.

Les effets visuels du film sont remarquables, de même que les sons et le bruitage.

Les tenues des Waffen SS sont réalistes, de même que celles des autres soldats allemands.

Déchenillé! Un écueil qui est survenu à plus d’une reprise. Il reste que le tank est bien esseulé, sans escorte…

Un seul des membres de l’équipage s’en sort indemne. Je vous laisse le découvrir par vous même…