Jean-Michel Adenot, Un village vosgien et deux déportations : Moussey 1944, Editions Jardin David, 2018, 255 pages
Cet ouvrage nous démontre sans ambages qu’un écrivain peut faire et écrire un livre d’histoire sans être un professionnel, à savoir être un historien de formation. Le travail de Jean-Michel Adenot s’appuie sur une recherche rigoureuse dans les archives ainsi que sur un questionnement sérieux des témoignages. On apprécie les détails ajoutés en notes, souvent fort à propos.
Un des intérêts du livre est de nous faire découvrir un drame moins connu que celui des Glières ou encore du Vercors, pour ne pas parler d’Oradour-sur-Glane. Jean-Michel Adenot raconte le martyr de villages, suite au démantèlement du maquis. Le massacre est sans nom. Quant à ceux qui ne seront pas tués immédiatement, ils sont nombreux à être déportés (le 18 août 1944, puis le 24 septembre de la même année). Un drame survenu au moment de la libération du pays, alors que la liberté se rapproche… Le sort des Britanniques du SAS est également évoqué.
Après un récit des événements, l’auteur se livre à une véritable enquête. Il questionne les suites de ces crimes, en abordant le déroulement des procès d’après-guerre et en évoquant le parcours des collaborateurs français qui ont travaillé avec la Gestapo de Strasbourg. Ce récit m’a replongé dans mes années de chercheur à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, lorsque j’ai dû traiter les cas de déportés du camp de Schirmeck, ainsi qu’étudier le cas des maquis de la région. Outre les événements tragiques survenus à Moussey (le témoignage de Jean Vinot est le bienvenu), ainsi que la poignante description des conditions de vie des déportés au Kommando de Haslach (dépendant de Schirmeck), le témoignage du SS Isselhorst (le chef des polices allemandes d’Alsace) constitue un des moments fort du récit, car il est proprement stupéfiant : le déni des crimes perpétrés, ainsi que la vision des événements par ce personnage sont du plus haut intérêt.
Au final, cette enquête révèle les complicités qui ont existé avec les Allemands et qui ont présidé à ce drame. On est également surpris des « espions » que les Allemands espéraient laisser derrière eux après leur repli, de même que de la véritable impunité dont ont bénéficié les criminels nazis (dans cette affaire comme dans tant d’autres…).
Jean-Michel Adenot a réussi le tour de force à dépoussiérer de nombreuses zones d’ombre. Un beau livre d’Histoire qui répond à un impératif de devoir de Mémoire : on aimerait que des initiatives de ce genre se multiplient partout où de tels drames et des faits de résistance se sont produits au cours des années noires.
Site de l’éditeur pour acheter un livre:
https://editionsjardindavid.webnode.fr/commander-un-livre/
Jean-Michel Adenot, Un village vosgien et deux déportations : Moussey 1944, Editions Jardin David, 2018, 255 pages
Cet ouvrage nous démontre sans ambages qu’un écrivain peut faire et écrire un livre d’histoire sans être un professionnel, à savoir être un historien de formation. Le travail de Jean-Michel Adenot s’appuie sur une recherche rigoureuse dans les archives ainsi que sur un questionnement sérieux des témoignages. On apprécie les détails ajoutés en notes, souvent fort à propos.
Un des intérêts du livre est de nous faire découvrir un drame moins connu que celui des Glières ou encore du Vercors, pour ne pas parler d’Oradour-sur-Glane. Jean-Michel Adenot raconte le martyr de villages, suite au démantèlement du maquis. Le massacre est sans nom. Quant à ceux qui ne seront pas tués immédiatement, ils sont nombreux à être déportés (le 18 août 1944, puis le 24 septembre de la même année). Un drame survenu au moment de la libération du pays, alors que la liberté se rapproche… Le sort des Britanniques du SAS est également évoqué.
Après un récit des événements, l’auteur se livre à une véritable enquête. Il questionne les suites de ces crimes, en abordant le déroulement des procès d’après-guerre et en évoquant le parcours des collaborateurs français qui ont travaillé avec la Gestapo de Strasbourg. Ce récit m’a replongé dans mes années de chercheur à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, lorsque j’ai dû traiter les cas de déportés du camp de Schirmeck, ainsi qu’étudier le cas des maquis de la région. Outre les événements tragiques survenus à Moussey (le témoignage de Jean Vinot est le bienvenu), ainsi que la poignante description des conditions de vie des déportés au Kommando de Haslach (dépendant de Schirmeck), le témoignage du SS Isselhorst (le chef des polices allemandes d’Alsace) constitue un des moments fort du récit, car il est proprement stupéfiant : le déni des crimes perpétrés, ainsi que la vision des événements par ce personnage sont du plus haut intérêt.
Au final, cette enquête révèle les complicités qui ont existé avec les Allemands et qui ont présidé à ce drame. On est également surpris des « espions » que les Allemands espéraient laisser derrière eux après leur repli, de même que de la véritable impunité dont ont bénéficié les criminels nazis (dans cette affaire comme dans tant d’autres…).
Jean-Michel Adenot a réussi le tour de force à dépoussiérer de nombreuses zones d’ombre. Un beau livre d’Histoire qui répond à un impératif de devoir de Mémoire : on aimerait que des initiatives de ce genre se multiplient partout où de tels drames et des faits de résistance se sont produits au cours des années noires.
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