Livre

Recension de « Le cimetière de l’espérance. Essais sur l’histoire de l’Union soviétique 1914-1991 » de Nicolas Werth, Perrin, 2019

L’histoire de l’Union soviétique connaît un renouveau salutaire depuis des années.

Nicolas Werth, Le cimetière de l’espérance. Essais sur l’histoire de l’Union soviétique 1914-1991, Perrin, 2019, 476 pages

L’histoire de l’Union soviétique connaît un renouveau salutaire depuis des années. J’ai recensé récemment Dans l’équipe de Staline. Le centenaire de la Révolution d’Octobre a également été le prétexte à des publications nombreuses et fort enrichissantes. Avec ce nouvel ouvrage, intitulé bien à propos Le cimetière de l’espérance, c’est Nicolas Werth, indiscutablement l’un des grands spécialistes français de l’URSS, qui nous fait part du fruit de ses recherches sur ce vaste et passionnant sujet. L’introduction (longue de 31 pages) nous explique le parcours de l’auteur et en quoi la nouvelle donne concernant l’accès aux sources soviétiques (ouverture certes très loin d’être complète) a permis de renouveler les connaissances sur le sujet. Si les différents chapitres constituent en fait un recueil d’articles parus dans la revue L’Histoire entre 1991 et 2017, ils ont tous été revus, amendés ou augmentés par N. Werth à la lumière de ses recherches. A côté des incontournables sujets sur la Révolution ou la Seconde Guerre mondiale, on a le plaisir de lire des pages consacrées à des thèmes moins connus : « A l’Est le front oublié » (sur la Grande Guerre), « URSS : de l’amour libre à l’ordre moral », « Le « dimanche rouge » de Novotcherkassk » (en 1962) ou encore « La grande stagnation ». Plus encore, on apprécie une mise au point sérieuse et documentée sur des thèmes centraux de l’histoire de l’URSS et forts controversés, et ce loin des accents anti-communistes primaires ou a contrario nostalgiques du système soviétique, au demeurant l’une des dictatures les plus abjectes qu’ait connu le monde. Ainsi des chapitres « La vérité sur la grande terreur », « Goulag : les vrais chiffres », « Les derniers jours du tyran », etc. Au final, 21 chapitres agréables à lire sur une des histoires les plus conséquentes du 20e siècle. Un ouvrage réussi qui a aussi le mérite de pouvoir faire une comparaison avec le nazisme et le fascisme contemporains, systèmes totalitaires de nature et de projets forts différents, et, contrairement à l’Union soviétique (qui n’est certes pas un modèle), loin d’avoir été porteurs d’une quelconque espérance pour l’humanité…