Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Pour changer de Sir Bernard Montgomery (5)

Harold Alexander est sans doute l’un des grands généraux britanniques les plus injustement méconnus de la guerre.

Adrian Stewart, The campaigns of Alexander of Tunis 1940-45, Pen & Sword, 2008

Harold Alexander est sans doute l’un des grands généraux britanniques les plus injustement méconnus de la guerre. L’homme a pourtant assumé une série impressionnante de commandements d’importance au cours du conflit. Simple divisionnaire, les circonstances font qu’il prend en charge le commandement et l’évacuation des forces britanniques à Dunkerque. Son premier commandement outremer est ensuite celui d’une situation désespérée : l’armée de Birmanie alors en proie à l’invasion japonaise. Ayant fait ses preuves, il est, cette même année 1942, nommé commandant en chef au Moyen-Orient. Las, la gloire va à son subordonné Montgomery, qui doit pourtant beaucoup à son supérieur. Alexander cumule ensuite les fonctions de haut-commandement : chef des forces terrestres alliées en Tunisie, en Sicile puis dans la botte italienne, avant d’accéder au commandement suprême en Méditerranée. Sa modestie, sa contenance, son flegme et sa façon d’être dignes d’un gentleman, masquent une résolution certaine. Une manière de donner les ordres à la Robert E. Lee et un manque apparent de fermeté dissimulent son professionnalisme, d’autant que le peu de cas qu’il fait de la recherche de la publicité le laisse dans l’ombre d’une diva égocentrique telle que Montgomery. Adrian Stewart permet ainsi de « remettre les pendules à l’heure », même si le propos est par trop critique à l’endroit des généraux Slim, Auchinleck et Patton, mais aussi l’amiral Cunningham, et accorde la part trop belle à Montgomery (un travers habituel de Stewart) et fait fi de certaines réalités, manquant ainsi parfois d’objectivité, mais cela est loin d’être systématique, particulièrement lorsqu’il est question de Dunkerque où l’auteur ne sombre pas dans une francophobie si fréquente dans les récits que les écrivains anglo-saxons consacrent à la campagne de 1940. L’ouvrage est cependant de lecture plaisante, bien mené et permet de découvrir un officier hors-norme, ainsi que des campagnes trop méconnues en France : Birmanie, El Alamein, Tunisie, Sicile, Italie.