Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

KHARKOV 1942

Voilà le type même de livre qui me fait passer un beau moment de lecture...

Jean Lopez, Kharkov 1942, Perrin, 2022 

Voilà le type même de livre qui me fait passer un beau moment de lecture… 

Une belle surprise que celle dont nous gratifient les éditions Perrin : Khakov 1942 ; comme acte inaugural d’une nouvelle série qui ne pourra que ravir les amateurs d’histoire militaire, dont on a fini par admettre qu’ils étaient nombreux, y compris au sein du « grand public ».  

A la plume, Jean Lopez, qu’on ne présente plus, grâce auquel les lecteurs de l’Hexagone ont pu largement redécouvrir la guerre à l’Est, avec à son actif des ouvrages remarquables qui feront dates, dont Barbarossa paru chez Passés Composés, ainsi que Stalingrad chez Economica, ou encore la biographie Joukov chez Perrin. 

Kharkov est le cadre de plus d’un engagement majeur au cours de la sanglante guerre germano-soviétique. Jean Lopez s’attaque ici à un épisode assez méconnu, surtout si on le met en parallèle avec les affrontements qui se déroulent dans le secteur en 1943 (notamment pour ceux qui portent un intérêt douteux aux Waffen SS…). 

La bataille est d’importance à plus d’un titre. Dernier encerclement majeur réalisé par la Wehrmacht, elle marque, avec les combats pour Sébastopol et Kertch, le prélude à l’offensive d’été de 1942 dans le sud de la Russie (la campagne la plus passionnante de l’Ostfront, à mes yeux). Le récit est fort bien mené, les armées et les décisions des chefs clairement exposés, les combats explicités avec un niveau de détails suffisants. On comprend qu’à l’évidence l’auteur a puisé aux sources primaires et connaît bien son sujet. Nous sommes plongés dans la bataille, les cartes précises aidant, de même que le style narratif et la façon claire avec laquelle est présenté le terrain du champ de bataille. 

Je laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir par eux-mêmes le déroulement du désastre subi par l’Armée rouge, ainsi que ses raisons. On reste stupéfait de l’impéritie des généraux soviétiques et de leur persévérance à pousser en direction de l’Ouest et également sur Kharkov en dépit du bon sens… Notons tout de même que pointent sensiblement les insuffisances de Timochenko, mais aussi de Paulus, promu à un niveau de commandement qui le dépasse. Etre officier d’état-major et bon planificateur ne mène pas nécessairement à être un commandant efficace sur le terrain… Von Bock, von Kleist, Lanz : on rencontre des officiers supérieurs qu’on espère retrouver dans un futur ouvrage de Jean Lopez… 

Comme annoncé avec le lancement de cette collection, celle-ci s’intéresse à la mémoire de la bataille, son retentissement (y compris dans les suites immédiates du combat), ce qui est intéressant ici car, justement, la bataille de Kharkov de 1942 est singulièrement passée « à la trappe » et l’auteur nous explique pourquoi. Mes lecteurs savent que, depuis longtemps, j’accorde le plus souvent de longs développement à la postérité des sujets sur lesquels j’écris (voir les derniers chapitres d’AfrikakorpsPatton, Etre Soldat de Hitler, Le Soldat Britannique) : je ne peux par conséquent que me réjouir de cette heureuse initiative. 

Au final, un très intéressant ouvrage qui va ravir les passionnés de la Seconde Guerre mondiale et, en particulier, ceux de la Grande Guerre patriotique.