Seconde Guerre Mondiale WWII

90. Leichte-Afrika-Division

La 90. Leichte est une division pour le moins originale dans l’ordre de bataille de la Wehrmacht. Elle n’a rien en commun avec les autres Leichte-Divisionen ayant combattu en Afrique ou ailleurs.

UNE DIVISION ATYPIQUE

Le propos ici n’est pas de fournir une narration détaillée des campagnes de cette unité, puisque le déroulement de la guerre du désert est bien connu. Sa composition, sur laquelle nous revenons, pose la question de son particularisme. La 90. Leichte-Divisiona-t-elle en mesure de remplir le rôle qui lui a été dévolu ?

Une unité unique

La 90. Leichte: 3e division du DAK à l’organigramme unique au sein de la Wehrmacht

            La 90. Leichte est une division pour le moins originale dans l’ordre de bataille de la Wehrmacht. Elle n’a rien en commun avec les autres Leichte-Divisionen ayant combattu en Afrique ou ailleurs. Les Leichte-Divisionen du début de guerre correspondent à un concept malheureux d’unités hybrides de cavalerie et de Panzer. La 5. Leichte, qui débarque en février 1941 à Tripoli, élément précurseur de l’Afrika Korps et future 21. Panzer-Division, est en fait une division à forte composante blindée et antichar mais avec seulement deux bataillons d’infanterie. La 164. Leichte, qui entre en ligne à El Alamein en juillet 1942 et la 999. Leichte, unité pénale qui combat en Tunisie en 1943, sont avant tout des divisions d’infanterie. La 90. Leichte n’est rien de tout cela. Division créée ad hoc à partir d’éléments déjà présents en Libye mais non encore endivisionnés pour la plupart, elle possède une forte composante d’infanterie, qui sera finalement motorisée. Elle aurait finalement pu devenir une véritable division motorisée, une Panzergrenadier-Division, si elle avait pu percevoir son bataillon blindé qui, devant l’urgence de la situation, sera détourné in fine vers la Tunisie pour servir avec d’autres unités. Marque supplémentaire de son originalité, la division change plusieurs fois de dénomination au cours de sa courte carrière africaine. A l’origine, un état-major, celui du Divisions Kommando z.b.V. Afrika.

Ordre de bataille et évolution

            C’est en juillet 1941 qu’est constitué en Allemagne le Stab Divisions Kommando zbV Afrika mais il n’arrive dans le secteur de la frontière égypto-libyenne qu’au courant du mois d’août et n’est complet qu’en septembre. A ce moment, les unités qui lui sont rattachées le sont avant tout à des fins d’entraînement. C’est le cas du III./IR 347 et du Bataillon zbV « Oasen ». Le 20 octobre, de nouvelles unités rejoignent la division duGeneralmajor Sümmermann. Il s’agit principalement de formations du Panzergruppe Afrika déjà présentes en Afrique et non de nouveaux venus : le Panzerjäger-Abteilung 605 (équipés de Panzerjäger I), le Pionier-Bataillon 900, le Schützen- Regiment 155 (mis sur pied le 15 septembre 1941 à partir de trois bataillons d’infanterie) et le III./IR 255, un bataillon jusqu’alors indépendant. Peu après, arrive d’Allemagne, où il a été constitué, l’Afrika Regiment 361. Ce dernier régiment a pour particularisme d’être formé de soldats issus de la Légion étrangère française, et donc en quelque sorte des mercenaires dont la fidélité peut être remise en question. Certains de ses éléments se déploient à Bardia pour parfaire leur entraînement. S’il faut en croire Paul Carell, un de ses membres, capturé, aurait ensuite servi au sein du Long Range Desert Group, qui opère sur les arrières des forces de l’Axe dans le désert, avant de trahir les Britanniques au cours d’une mission. Pour certains Allemands, ces légionnaires ne sont que des lansquenets pour lesquels patriotisme et nationalisme ne veulent rien dire.

Panzerjäger I

            Le premier engagement de la division a lieu cours du raid de Rommel au-delà de la frontière égyptienne en septembre 1941 -opération « Sommernachtstraum »-, puisque le III/IR 347 est de l’équipée au sein du Kampfgruppe Panzenhagen. A la veille de « Crusader »,l’offensive lancée à partir du 18 novembre par la 8th Army, la Division zbV Afrika est positionnée notamment à Belhammed et doit remplacer la division italienne Bologna à l’est du camp retranché de Tobrouk de part et d’autre de la Via Balbia. Rommel a en effet décidé que la divisionmènera le premier assaut contre la forteresse et aménagera une brêche pour la 15. Panzer-Division. A cet effet, certaines autres composantes du Panzergruppe Afrika lui sont subordonnées, au moins temporairement, à savoir l’Artillerie-Regiment 155, l’Aufklärung-Kompanie 580, arrivé en Afrique au cours de l’été avec 105 véhicules ainsi que certains éléments de la 21. Panzer : la 11. (IG)/Schützen-Regiment 104 et le I./Schützen-Regiment 104, qui dépend déjà de la division depuis sa mise en position à Sollum sur la frontière avec l’Egypte.

Soldat avec un des inopérants Panzerbüsche 38 et 39

En septembre, les unités d’infanterie devraient aligner 148 Panzerbüsche. Les Panzerbüsche 38 et 39 sont des fusils antichars de 7.92 mm capables de percer 30 mm de blindage sous un angle de 60° à une distance de 300 mètres, soit peu de chose en réalité sur un terrain où il est bien malaisé de se mettre à couvert. Toutefois, le schwere Panzerbüsche 41 de 28/20 mm, en fait un véritable canon antichar léger, est nettement plus performant grâce à une bonne vitesse initiale due à son tube à âme conique et à ses obus au tungstène. L’engin peut en effet percer 52 mm de blindage sous un angle de 30° à 500 mètres, soit, à cette distance, à peu près l’équivalent des performances balistiques du canon de 47 mm tchèque qui arme les Panzerjäger I.

            Si le Kamfgruppe Mickl s’illustre plus particulièrement à Sidi Rezegh avec le Schützen-Regiment 155, l’Afrika-Regiment 361 et la Panzerjäger-Abteilung 605, l’opération « Crusader », cause de lourdes pertes à la division. Certaines unités souffrent des pertes sévères, d’autres sont purement et simplement anéanties, comme le III./IR 255 et le Bataillon zbV « Oasen ».  C’est le 28 novembre, au cours de cette bataille, que la division est rebaptisée 90. Leichte Afrika Division. A la fin de l’offensive, alors que Rommel amorce la retraite, ellen’aligne plus qu’une douzaine de compagnies d’infanterie, ce qui est bien peu puisque cela dépasse de peu la dotation d’un régiment. La situation est temporairement améliorée par l’adjonction de deux unités d’élite fraîchement arrivées dans le désert : le Sonderverband 288 (voir plus loin) et le Kampfgruppe Burckhardt, formé à partir du Fallschirm-Lehr-Bataillon et donc constitué de parachutistes. Ce Kampfgruppe reprend l’oasis de Djalo le 4 février 1942 et il comprend en théorie 1 600 Fallschirmjäger, 11 Pak et 4 pièces de 10,5 cm mais 614 hommes seulement sont envoyés en Afrique en janvier 1942 avant de retourner en Europe en mars de la même année. Peu après, la capacité antichar est sensiblement renforcée. En effet, le 1./Panzerjäger Abteilung 33 est cédé par la 15. Panzer-Division. La 5. Panzerjäger-Kompanie du Maschinengewehr-Bataillon 8, qui appartenait à la 21. Panzer-Division rejoint également la division. Ces deux unités formeront ainsi le Panzerjäger-Abteilung 190. Par ailleurs, le Panzerjäger-Abteilung 605combat toujours avec la 90. Leichte au cours de la bataille de Gazala. Notons au passage que si les 15. et 21. Panzer perdent chacune un Abteilung de Panzerjäger, elles les laissent partir avec des petits et bien médiocres Pak 36 de 37 mm alors que les deux divisions blindées de l’Afrika Korps commencent à doter  leur bataillon antichar de l’excellente pièce Pak 38 de 50 mm.

Le matériel de prise, à l’instar de cette « Portee »: indispensable pour motoriser la 90. Leichte-Afrika-Division

            En janvier 1942, le nouveau commandant de la 90. Leichte, le Generalmajor Veith, se montre fort critique vis-à-vis de l’organisation des bataillons d’infanterie. Il préconise l’organisation d’un bataillon en quatre compagnies de puissance équivalente, chacune d’elle ayant ses propres armes lourdes et pièces antichars, ces dernières étant alors concentrées dans une unique compagnie aux côtés des trois compagnies de fantassins. Finalement, la 90. Leichte -dont l’insigne distinctif doit être un rectangle blanc- et l’Afrika Korps sont réorganisés avec notamment l’adoption du principe « moins d’hommes, plus d’armes ». Le 1er avril, alors que le front est stabilisé sur la ligne de Gazala depuis février, la 90. Leichte est rebaptisée 90. Leichte Infanterie-Division. Elle possède toujours ses deux premiers régiments, à savoir les Schützen-Regiment 155 et Afrika-Regiment 361, mais ceux-ci sont désormais appelés leichte Infanterie-Regimenter, subdivisés chacun en deux bataillons de quatre compagnies à l’instar des Schützen-Regimenter en fait. Les deux bataillons restants, qui ne sont donc plus au sein de ces deux régiments, à savoir les III./ Schützen-Regiment 155 et III./ Infanterie-Regiment 347 forment le leichte Regiment 200. Les trois leichte Regimenter sont en outre doté chacun d’une schwere Infanterie-Geschütz-Kompanie. On a vu que la 90. Division comporte déjà une compagnie de reconnaissance. Celle-ci est renforcée afin de constituer un bataillon à l’image des unités de reconnaissance des 21. et 15. Panzer-Divisionen.

L’Aufklärungs-Kompanie 580 devient donc l’Aufklärungs-Abteilung 580. Otto Henning rapporte de son côté que cette unité de reconnaissance, qui comporte également des anciens de la Légion, prend l’habitude de surnommer la 90. Leichte « 90. Leichtesinnigen », c’est à dire les « bêtas » en quelque sorte.  Le Flak-Bataillon 606 fournit l’appui antiaérien indispensable. L’Artillerie-Regiment 190 dispose d’un Abteilung, l’ancien Artillerie-Abteilung 361, le reste de l’unité étant en cours de formation en Allemagne. On a déjà constaté que des unités antichars sont subordonnées à la division. Les chasseurs de chars du Panzerjäger-Abteilung 605 sont renforcés par un nouveau Panzerjäger, le « Diana » (voir ci-dessous). L’ensemble présente donc un aspect beaucoup plus complet en matière d’organisation divisionnaire lorsqu’elle participe à la bataille de Gazala.

Il reste que les unités de soutien restent fort réduites jusqu’au mois d’août. Entre-temps, le 26 juillet, l’unité retrouve le nom de 90. Leichte Afrika Divison. C’est en effet au cours de la première bataille d’El Alamein que la 90. Leichte gagne encore en puissance. Les Panzergrenadiere (et non plus leichte)-Regimenter 200 et 361 sont désormais pleinement motorisés. En outre, la division se voit adjoindre l’état-major de la 15. Schützen-Brigadeavec les leichte Regimenter, 200 et 361, puis 155. Notons dans ses tableaux d’effectifs la présence incongrue du Kolbeck-Bataillon, fort de 500 hommes, en fait constitué de soldats prisonniers libérés des Néo-Zélandais ainsi que du personnel d’unités de transport et de la Flak.

Major Briel, Kommandeur du Kdr Fla-Btl (mot) 606

Il n’y a pas grands changements à noter jusqu’à la conclusion finale de la campagne de Tunisie. En février 1943, la 580. Aufklärung-Abteilung est envoyée à la 21. Panzer Division. La 90. Leichte reçoit en compensation le Pz.Aufkl.Abt 3 qui devient le Pz.Aufkl.Abt 90. Le Sonderverband 288 rejoint la 164. Leichte Division. Certaines composantes de la division, qui en auraient fait une Panzergrenadier-Division à part entière, notamment le Panzer-Abteilung 190, mais aussi le II/ Artillerie Regiment 190, ne rejoindront jamais le désert libyque mais seront déroutés vers la Tunisie en novembre 1942, le Panzer-Abteilung 190 devenant finalement le nouveau II/Panzer-Regiment 5 de la 21. Panzer-Division en février 1943.

Dénomination

  • Division zbV Afrika : été 1941-novembre 1941
  • 90. Leichte Afrika Divison : 28 novembre 1941-février 1942
  • 90. Leichte-Infanterie Division: février 1942-juillet 1942
  • 90. Leichte Afrika Division : 26 juillet 1942- 12 mai 1943

Le « Diana »

Le « Diana » est un antichar officiellement appelé 76.2 mm FK 36 (r) auf Panzerjäger Sebsfahrlafette Zugkraftwagen 5t, constitue une pièce d’armement unique dans la Wehrmacht,puisque seule le Panzerjäger-Abteilung 605 en est doté. Le manque d’antichars disponibles en Afrique du Nord oblige à faire flèche de tout bois et imaginer des solutions de remplacements en attendant l’arrivée de Pak 38  ou de Panzerjäger 38 (t) (bien qu’aucun ne sera perçu par cette unité) en nombre suffisant.  En octobre 1941, l’OKH décide de la mise au point d’un Panzerjägerpour le DAK en utilisant des excellentes pièces antichars russes de 76,2 mm, capturés en grand nombre à l’est depuis le lancement de Barbarossa. Le nouvel engin bricolé ne sera produit qu’à neuf exemplaires, tous expédiés en Afrique en janvier et février 1942. Il s’agit de monter cette pièce russe sur la caisse d’un semi-chenillé Büssing –NAG BN 9 de 5 tonnes. 7 engins participent activement à la bataille de Gazala, non sans réussite semble t-il puisque, au début de la bataille, le 28 mai, la 4th Armoured Brigade sera malmenée à El Adem notamment grâce à l’intervention du nouvel antichar. A la mi-juin, lorsque l’unité se repositionne à Bardia pour se refaire, on ne compte alors plus que deux « Diana ». Trois seraient cependant au front en août 1942.

Kommandeure

Generalmajor Ulrich Kleemann
  • Generalmajor Max Sümmermann 17/07/1941 – 10/12/1941 (Tué le 10/12/41 par un bombardement aérien)
  • Oberst Johann Mickl 11/12/1941 – 27/12/1941 (interim d’une quinzaine de jours)
  • Generalmajor Richard Veith 28/12/1941 – 28/04/1942
  • Generalmajor Ulrich Kleemann 29/04/1942 – 14/06/1942
  • Oberst Wermer Marcks 14/06/1942 – 18/06/1942 (interim de deux jours)
  • Oberst Erwin Menny 18/06/1942 – 19/06/1942 (interim d’une journée)
  • Oberst Werner Marcks 19/06/1942 – 21/06/1942 (interim de deux jours)
  • Generalmajor Ulrich Kleemann 21/06/1942 – 08/09/1942 (Blessé le 02/09/42 par l’explosion d’une mine)
  • Generalmajor Bernhard Hermann Ramcke 08/09/1942 – 22/09/1942 (interim d’une quinzaine de jours)
  • Oberst Hermann Schulte Heuthaus 17/09/1942 – 22/09/1942 (interim de cinq jours)
  • Generalleutnant Theodor Graf Von Sponeck 22/09/1942 – 12/05/1943.

L’évolution des effectifs de la division

            A la mi-novembre 1941, si on ne tient pas compte des effectifs des unités qui lui sont temporairement rattachées (notamment les unités de reconnaissance de l’Afrikakorpsmais aussi de l’artillerie, de la Flak, de l’infanterie…) la 90. Leichte aligne 9 019 hommes. Son armement consiste en 458 mitrailleuses, 91 Panzerbüsche, 48 mortiers lourds, 15 canons d’infanterie, 8 canons légers et 27 Panzerjäger I. Le 361. IR doit aligner à lui seul 28 Panzerbüsche 41, 12 leFH 18 et 12 Flak 38. L’Auklärungs-Kompagnie 580 compte 2 Panzerbüsche 41, 6 Pak 36 et 3 Pak 38 ainsi que 4 Flak de 20 mm automoteurs. Si l’armement lourd semble bien faible pour une division, il faut garder à l’idée que diverses unités rattachées renforcent considérablement sa puissance de feu.

Le Pak 36: piètre antichar pour le désert…

L’opération « Crusader » est une épreuve terrible. Les pertes subies par les cadres de la 90. Leichte entre novembre 1941 et mars 1942 se montent à 140 officiers (elle en comptait dans ses rangs à la mi-novembre 1941). Le Generalmajor Sümmermann est lui-même tué le 10 décembre 1941. Le Generalmajor Kleeman est blessé le 8 septembre 1942. Entre novembre 1941 et septembre 1942, le Panzergrenadier-Regiment 361 a eu trois commandants : un est tué et un autre est sévèrement touché. Pour la même période considérée, le II./PzGrenRgt 361 a eu quatre chefs. Un d’entre eux est blessé tandis que deux autres doivent être remplacés pour cause de maladie. Si on regarde la 7. Kompanie, trois de ses neufs commandants sont tués et deux autres sont portés manquants. Le 29 décembre 1941, il semble que la division soit réduite à environ 2 000 hommes, 207 mitrailleuses, 12 mortiers lourds, 39 Panzerbüsche, 54 canons Pak ou d’artillerie, 20 pièces de Flak et 14 Panzerjäger I. Si le ratio armes lourdes/combattants est impressionnant, les effectifs sont désormais très insuffisant et renforts et réorganisation s’imposent. Le 15 mars 1942, les effectifs remontent à 5 203 hommes. Le 18 mars, son inventaire en armement aligne 193 mitrailleuses, 15 mortiers lourds, 44 Panzerbüsche (dont 11 du type 41), 33 Pak 36 de 37 mm, 12 Pak 38 de 50 mm, 26 canons russes de 76,2 mm, 11 Flak 38 de 20 mm, 6 sIG 33automoteurs et 8 « Dianas ». Comme les « Dianas », les sIG 33 sont des prototypes peu réussis qui sont livrés et testés par la Panzerarmee Afrika. Ce sont au final 12 sIG 33 -ou encore Sturmpanzer II « Bison »- qui servent au sein des sIG Kompanien (mot.) 707 et 708rattachés aux leichte Infanterie-Regimenter 155 et 200. Bizarrement, il n’est nulle part question des Panzerjäger qu’on retrouve pourtant dans l’ordre de bataille de mai. Le 21 avril, l‘Aufklärungs-Abteilung 580, déjà équipée de Panzerbüsche montés sur Sdkfz 250 et de Pak 38 ainsi que d’engins de reconnaissance à 8 roues dotés de pièces de 20 mm, reçoit l’ordre de former une batterie de 4 pièces britanniques de 25 livres. Au moment d’El Alamein, cette unité ne comptera pas moins de 12 de ces excellents canons britanniques.

La montée en puissance de la division se poursuit pour atteindre le 15 mai, à la veille de l’opération Theseus/Venezia, 9 023 hommes. Au moment de la bataille de Gazala, les tables d’organisation donnent 12 500 à la division en théorie. Nous sommes donc en-dessous du total théorique, un problème récurrent dans la Wehrmacht. Ceci n’est d’ailleurs pas forcément préjudiciable. Ce qui importe, c’est que l’unité soit opérationnelle et à même de remplir les missions qui vont lui être confiées. En août, le personnel doit en théorie atteindre 14 500 hommes. Bien que les chiffres soient incomplets, l’armement comprend au moins 201 mitrailleuses, 21 mortiers lourds, 14 Panzerbüsche 41, 13 Pak 36, 15 (ou 40) Pak 38, 2 ou 3 Sturmgeschütze, 8 automitrailleuses, 25 Flak 38, 28 canons russes de 76,2 mm, 4 canons britanniques de 25 livres, 12 sig 33 automoteurs et 2 pièces Flak 18 de 88 mm. Le Panzerjäger-Abteilung 605 disposerait encore de 18 Panzerjäger I. Si l’armement lourd est désormais relativement satisfaisant et font de la 90. Leichte une unité redoutable, la multiplication des modèles en dotation ne facilite en aucune manière la logistique. Les rudes combats de la bataille de Gazala imposent une attrition sévère au sein de certaines unités puisque les 7-9 juin 1942, on ne compte que 425 hommes au sein du Schützen Regiment 155. Pak 38 sont présents au Panzerjäger-Abteilung 190 tandis que le Panzerjäger-Abteilung 605 ne comprend plus que 6 Panzerjäger I opérationnels et 4 « Dianas ».

Le 29 juin, arrivant devant El Alamein, la division totalise à peine 1 929 hommes, ce qui est bien peu. L’armement lourd est réduit à 14 canons Pak 38, 5 canons de 76,2 mm et 4 pièces de 25 livres. Le 8 juillet, les régiments de fantassins, si on inclut le Sonderverband 288,comptent 1 500 hommes sur un total de 2 200 soldats dans la division. Le 20 août, les effectifs sont remontés à 8 249 hommes. Le 21 septembre, elle ne compte plus comme force de combat qu’à peine 3 580 hommes. Ses rationnaires atteignent un total de 4 442.  En octobre, à la veille de la seconde bataille d’El Alamein, les effectifs sont de 6 269 hommes. Elle aligne 14 Panzerjäger I, 52 Pak 36-38, 63 Panzerbüsche (dont 18 du type 41), 18 Flak 38, 17 mortiers, mais moins de 400 véhicules (dont 67 capturés) et à peine 5 pièces d’artillerie.

Le 18 novembre, alors en pleine retraite en Libye, elle compte encore 5 118 hommes avec 322 mitrailleuses, 22 mortiers, 31 Pak, 4 véhicules blindés et 7 canons. A son arrivée en Tunisie, fin janvier 1943, elle ne compte plus que 2 000 combattants. L’unité sera renforcée et recomplétée et terminera brillamment la campagne. En mars 1943, en position sur la ligne Mareth, elle aligne ainsi 6 500 soldats et plus de 50 canons. Le 6 avril, au moment d e la retraite depuis l’oued Akarit, les effectifs seraient de 5 700 hommes.

Affectation de la division en Afrique du Nord

1941

Le 15 novembre l’unité est rattachée au DAK puis versée au 21° Corpo italien le lendemain avant de  réintégrer le DAK du 27 novembre au 7 décembre, date à laquelle la division rejoint à nouveau le 21° Corpo. Le 18 décembre, la division est directement rattachée au Panzergruppe Afrika.

1942

Le 4 janvier, la division est réaffectée au DAK pour quelques jours avant de relever directement du Panzergruppe puis de la Panzerarmee Afrika jusqu’au 1er avril. Le 1er avril, elle est rattachée au DAK puis, le 4 au 21° Corpo. Puis, de la bataille de Gazala (mai) à la seconde bataille d’El Alamein (octobre), la 90. Leichte dépend de la Panzerarmee Afrika. Du 31 octobre au 2 novembre elle est brièvement placée sous les ordres du DAK. Elle redevient ensuite une formation directement affectée à la Panzeramee désormais dénommée Deutsche-Italienische.

1943

Le 5 janvier, la 90. Leichte retrouve le 21° Corpo, et ce jusqu’au 30 mars, excepté du 9 janvier au 1er février lorsque la division est directement rattachée à l’armée puis à partir du 30 mars quand elle passe sous le commandement du 20° Corpo.

En flanc-garde et en pointe lors des offensives de l’été 1942

            Après les pertes consécutives à « Crusader », la division, remise sur pied, tient un rôle de premier plan au cours de l’automne et de l’été 1942. Le 27 mai, alors que l’Afrika Regiment 361 attaque au nord dans le cadre de la feinte menée par le général Cruewell, la 90. Leichte se tient sur le flanc droit de l’Afrika Korps, avec, au sud, les trois unités de reconnaissance, 3, 33 et 580. Au cours de la première journée de la bataille de Gazala, elle réalise un exploit de taille en submergeant le quartier-général de la 7th Armoured Division, jetant la confusion au sein de cette unité empêchant ainsi toute possibilité de bonne coordination des brigades blindées anglaises. Toutefois, si les automitrailleuses sont à El Adem, le ravitaillement et les liaisons avec l’Afrika Korps sont coupées. La division est presque encerclée. Si son avance semble donc prometteuse, la 90. Leichte se retrouve donc en situation périlleuse car isolée et en manque d’approvisonnement. Elle subit de lourdes pertes. Se repliant vers l’ouest, elle rejoint l’Afrika Korps dans le « Chaudron ». Elle participe à la capture du « box » de la 50th Division à Got el Ualeb le 30 mai 42. Quelques jours plus tard, la division se casse les dents sur Bir Hacheim qu’elle ne peut submerger ni en empêcher l’évacuation. En revanche, elle participe à la défaite finale des formations  britanniques les 12-15 juin. Les 20-21 juin, alors qu’elle fait écran en direction de la frontière égyptienne, ce sont les deux divisions de Panzer qui tiennent le rôle majeur lors de la chute de Tobrouk. Le bilan de la bataille de Gazala est donc en demi-teinte pour la division.

            Lors de l’avancée en Egypte consécutive à la victoire de Tobrouk, la 90. Leichte garde tout son allant, rééquipée en partie grâce au butin considérable pris sur les Britanniques, notamment des pièces d’artillerie de 25 livres. Rommel l’engage à nouveau en pointe le 27 juin à Mersa Matrouh. Comme pour la manœuvre de la bataille de Gazala, la division s’enfonce dans le cœur du dispositif adverse avec l’intention d’isoler le 10th Corps dans Mersa Matrouh. Cette avance audacieuse ne porte cependant pas tous ses fruits puisque, trop affaiblies, les forces de Rommel ne peuvent empêcher la percée et le repli d’une partie importante des forces encerclées. Quelques jours plus tard, le 30 juin, la 90. Leichte est la première formation allemande de Rommel à atteindre la position d’El Alamein. Dès le 1erjuillet, quand débute la première bataille d’El Alamein, face à la détermination des Sud-Africains et sous un déluge d’acier, elle s’avère pourtant incapable de mener à bien la tâche qui lui est dévolue. Chargée d’assurer l’investissement du « box » d’El Alamein, réitérant ainsi les manœuvres de Gazala et de Mersa Matrouh, la 90. Leichte est stoppée dans son élan, certaines unités cédant même à la panique. L’unité est arrivée à la limite de ses forces. Ses échecs ne sont pas liés à un manque de professionnalisme ou à un défaut d’organisation mais sont tout simplement liés à une crise d’effectifs qui touche toute l’armée de Rommel. Fin août, au cours de l’ultime offensive de cette dernière à El Alamein, la 90. Leichte n’est plus en pointe de l’avance et assure le flanc gauche de l’assaut principal mené par l’Afrika Korps.

Bir Hacheim et El Adem : échec relatif et succès difficile pour la 90. Leichte lors de l’offensive « Venezia »

Bir Hacheim : échec devant une citadelle imprenable

Les FFL au combat

            Pour faire tomber la place, Rommel organise un Kampfgruppe avec des unités de la 90. Leichte, quelques Panzer, l’Aufklärung-Abteilung 33 et la division Trieste. Les Pionier-Bataillonen 33, 200 et 900 sous le commandement de l’Oberst Hecker ainsi que laKampstaffel Kiehl, l’escorte de Rommel, sont également de la partie. Le 3 juin, les frappes de l’Artillerie-Regiment 190 préparent l’assaut de la division de Kleeman par le sud-est de la position fortifiée française. Toutefois, comme toujours quand les défenseurs sont convenablement retranchés et dispersés en une multitude de trous individuels, le bombardement d’artillerie ne provoque que des dégâts minimes. Devant la détermination des Français et la solidité des défenses, les fantassins et les sapeurs de la 90. Leichte ne peuvent emporter la décision. Les pionniers de l’Oberst Hecker ne parviennent qu’à réaliser qu’un étroit couloir dans les champs de mines alors que les pertes sont sévères et les blessés s’accumulent au poste de secours. Les soldats d’élite du Sonderverband 288 et les ex-légionnaires de l’Afrika-Regiment 361 qui affrontent leurs anciens camarades de la Légion étrangère ne suffisent pas pour emporter la décision. Le lendemain, les sapeurs du Pionier-Bataillon 900 élargissent quelque peu la brèche mais les Allemands subissent toujours un feu d’enfer. De nouvelles brèches sont opérées les jours suivants tandis qu’une attaque de flanc de la 4th Armoured Brigade est repoussée sans difficulté. L’aviation et l’artillerie ne ménagent pas leurs efforts pour soutenir l’assaut. Le 9 juin, la 90. Leichtes’approche à 200 mètres du fort âprement défendu par le bataillon du Pacifique. Au nord, le Panzergrenadier-Regiment 115 de l’Oberst Baade réussit à pénétrer assez profondément dans le dispositif français. Dans la nuit du 10 au 11, Koenig parvient à s’esquiver par le sud-ouest avec les restes de sa 1ère Brigade de FFL. Ce faisant, il traverse les lignes de la 90. Leichte, qui s’avère incapable de l’empêcher de réaliser un dernier exploit : percer et rejoindre les lignes de la 8th Army. A cette occasion, les mitrailleurs du Flak-Abteilung 606de l’Hauptmann Briel utiliseraient pour la première fois des MG 42. Bir Hacheim est enfin tombée, mais sa chute a nécessité dix jours d’âpres combats…

El Adem

            Le 12 juin, les Britanniques ont disposé le gros de leurs unités blindées entre Acroma et El Adem. C’est au sud d’El Adem que la 90. Leichte attaque. Face à elle, le QG de la 7thArmoured Division, les 10thet 11th Indian Brigade, la 7th Motor Brigade et la 1ère Brigade des FFL sont en position de défense jusqu’à la frontière égyptienne. Les combats menés par la division de Kleeman sont très durs et celle-ci n’avance que trop lentement au goût de Rommel. En effet, le 13 juin, alors que 120 chars anglais sont détruits, la 90. Leichte ne parvient pas à opérer sa jonction avec le Trieste. Le 15, El Adem tombe enfin ainsi que les points d’appui de Batrouna et El Hatian. Dans ce dernier, les Indiens de la 29th Indian Brigade ne s’avouent pas vaincus et, à l’instar des Français à Bir Hacheim, parviennent à rompre l’encerclement non sans laisser 500 prisonniers et un butin conséquent à la 90. Leichte. Ce repli est grave car Auchinleck entendait renforcer El Adem pour assurer le flanc sud de Tobrouk. Le 20 juin, l’Artillerie-Regiment 190 de Kleeman repousse sans difficultés les quelques tentatives timides menées par la 7th Armoured Division pour soulager les défenseurs de Tobrouk sur le point de succomber aux assauts de l’Afrika Korps. La victoire est acquise à El Adem, mais elle fut laborieuse.

Une arrière-garde et une réserve experte jusqu’à la capitulation finale

            Au cours du repli consécutif à la bataille de l’automne 1941, la 90. Leichte fait montre de tous ses talents au cours d’une mission d’arrière-garde des plus réussies au profit de l’Afrika Korps et des unités italiennes. C’est ainsi que, le 8 janvier, la manœuvre de repli est achevée lorsque le Kampfgruppe Mickl rejoint à son tour la position d’El Agheila à la faveur d’une tempête de sable. Au cours de la deuxième bataille d’El Alamein, à l’automne 1942, la 90. Leichte est disposée en retrait afin d’assurer la défense côtière en cas d’opération amphibie sur les arrières de la Panzerarmee Afrika. Ceci fait sens car les réserves les plus proches du front doivent être au contraire les unités blindées allemandes et italiennes afin de pouvoir intervenir immédiatement. La 90. Leichte peut donc se voir confier une mission qui l’éloigne de la ligne de front. Faisant office de réserve, elle est engagée sur la côte face aux Australiens, infligeant de lourdes pertes à ces derniers. Elle reçoit la lourde tâche d’assurer la sécurité de la retraite de l’armée en organisant une arrière-garde, mission dont elle s’acquitte avec brio, notamment le 7 novembre  à Mersa Matrouh contre la 10th Armoured Divison puis le 22 novembre à Agedabia face à la 22ndArmoured Brigade. L’unité semble bien adaptée à ce type de mission puisque motorisée et bien dotée en armes antichars. La timidité de la poursuite menée par Montgomery aide certes la 90. Leichte dans sa mission mais celle-ci reste périlleuse devant la disproportion des effectifs et les problèmes de carburant qui handicapent Rommel et son armée.

            Au cours de la retraite en Libye et lors des combats en Tunisie, la 90. Leichte assure toujours un excellent rôle d’arrière-garde puisque des positions d’Alamein, abandonnées le 4 novembre, à la prise de Tripoli, le 23 janvier 1943, la 8th Army se montre incapable d’anéantir un adversaire pourtant à sa portée. Le 27 janvier 1943, un dernier combat oppose la 8th Army et ses adversaires en Libye. Après quatre jours de lutte, la 90. Leichte Division rompt le combat avec la 7th Armoured Division. 

            La 90. Leichte reste également efficace en défensive lorsqu’elle est retranchée en première ligne, notamment sur la ligne Mareth où elle inflige des pertes sensibles aux assaillants, vouant l’assaut britannique à l’échec.  C’est au cours du repli depuis la ligne Mareth fin mars 1943 et lors de l’abandon de la position sur le oued Akarit début avril que la 90. Leichte fait montre à nouveau de prouesses en matière d’unité vouée à des combats d’arrière-garde puisque ni la 8th Army ni le 2nd US Corps ne sont en mesure d’empêcher le repli de la 1a Armata du général Messe. Fin avril, sa défense sur la position d’Enfidaville est tout aussi remarquable puisque la 8th Army ne parvient pas à percer en dépit d’efforts réitérés. La 90. Leichte Division est intégralement détruite en Tunisie, ses derniers combattants rendant les armes dans le secteur d’Enfidaville le 12 mai 1943.

            Logiquement, depuis 1942, cette formation devenue pleinement motorisée aurait dû se muer en Panzergrenadier-Division et recevoir les unités nécessaires à ce statut, notamment un bataillon de Panzer. Ce dernier, on l’a vu, sera détourné vers la Tunisie. La 90. Leichte a cependant reçu l’appoint d’une autre formation très bien équipée et entrainée devenue également une des légendes du désert : le Sonderverband 288.

Le Sonderverband 288

Un des deux StuG III du Sonderverband 288, seule unité à avoir engagé de tels engins en Libye et en Egypte.

            Au cours de l’année 1941, le soulèvement de Rashid Ali en Irak et les sentiments antibritanniques de certaines populations arabes, laisse penser que la Wehrmacht peut envisager une opération contre les champs pétrolifères du Moyen-Orient, indispensables au Royaume-Uni. C’est dans cette optique que sont mis sur pied les Sonderverband 287 et 288. Alors que le premier est finalement dérouté vers la Grèce puis la Russie, le second participe à la guerre du désert. En effet, lorsque l’unité est assemblée à la caserne Höhenlohe à Potsdam, en juillet 1941, la révolte irakienne est matée et les Britanniques se sont emparés de la Syrie jusqu’alors sous mandat français.

            L’unité, commandée par l’Oberst Menton, compte à l’origine douze compagnies indépendantes qui seront finalement regroupées au sein de trois bataillons en Afrique du Nord. L’ensemble correspond aux effectifs d’un gros régiment. L’unité a parmi ses particularités celle de comprendre les trois uniques Sturmgeschütze C/D participant à la guerre du désert. Comme en témoignent les films britanniques de l’époque, un des engins au moins participe à la bataille d’El Alamein. Parmi les spécialistes attachés à l’état-major se trouve un groupe de douze hommes du personnel médical, tous spécialistes des maladies tropicales. On trouve également un groupe d’arabisants, spécialistes de la culture arabe, rattachés à l’unité d’imprimerie qui doit préparer des tracts contre les Anglais. L’état-major dispose également d’ingénieur du pétrole.

C’est en janvier 1942 qu’est engagé un élément précurseur de l’unité, à savoir le Sperrverband Daumiller, soit un contingent de 360 hommes, mis en position dans l’oasis de Marada, c’est-à-dire à l’extrême sud des positions de la Panzerarmee Afrika sur le front d’El Agheila. Le Sonderverband 288 se distingue particulièrement au cours des combats à Bir Hacheim et au sud de Tobrouk. A El Alamein, l’unité participe à certains combats dans le sud, à proximité de la dépression de Qattara. Lors de la dernière tentative de Rommel pour s’emparer d’Alexandrie, la bataille dite d’Alam Halfa, le Sonderverband 288 reste en fait l’arme au pied puisqu’il est maintenu en réserve dans le secteur central du front. L’unité ne sera pas engagée dans l’offensive qui tourne court. Elle est alors transférée au nord, entre El Daba et El Alamein où elle est déployée sur la côte pour se prémunir de toute tentative de débarquement allié jusqu’à Mersa Matrouh. Parmi les renforts perçus à cette époque, le Sonderverband 288 accueille des anciens de la Légion étrangère et du personnel de la Marine marchande, selon H.W. Schmidt, un des officiers de l’unité, qui ne fait aucune difficulté pour les intégrer alors que d’autres commandants ne veulent les incorporer. L’affectation sur le bord de la mer est une aubaine, presque une permission, alors que d’autres combattants de la Panzerarmee doivent supporter la fournaise estivale du désert. En effet, l’ordinaire s’améliore grâce au troc avec les Bédouins et les hommes qui ne sont pas de service peuvent se baigner.

Comme à Alam Halfa, le Sonderverband 288, rebaptisé Panzergrenadier-Regiment-Afrikale 31 octobre, n’est pas engagé au cours de la bataille d’El Alamein. C’est donc tout naturellement à cette unité fraîche qu’est confiée la mission d’assurer l’arrière-garde de la Deutsche-Italienische Panzerarmee lorsque Rommel se met en retraite à partir du 4 novembre. Pour se faire, l’unité décroche successivement de position en position avec bataillon couvrant le repli des autres. H.W. Schmidt explique clairement la difficulté de la mission. « Nous atteignîmes Mersa Matrouh le 6 novembre. Je reçus l’ordre de m’établir provisoirement sur la ligne de défense aménagée au sud de l’agglomération, de part et d’autre de la piste menant à l’oasis de Siwa. Mes compagnies étaient dotées chacune de cinq à six pièces antichars. Je plaçai celles-ci aux points les plus sensibles. Nos positions se trouvaient entre des casemates, en un endroit où les réseaux de barbelés et les champs de mines étaient restés tels qu’Auchinleck les avait laissés en juin, lorsqu’il avait envisagé de s’y défendre. Vers la fin de l’après-midi, j’aperçus des  chars anglais sur une crête située au sud de Matrouh. A la tombée de la nuit, ils ouvrirent le feu contre nos emplacements de pièces, le long de la piste de l’oasis. L’ennemi nous poursuivait sans désemparer. Profitant de l’obscurité, les derniers éléments qui subsistaient encore de nos unités blindées quittèrent la place fortifiée et se remirent en route vers l’ouest. Quelques heures plus tard, une estafette m’apporta un bulletin opérationnel. Les éléments d’avant-garde de Montgomery se trouvaient déjà à l’ouest de Matrouh. Dès lors, je pouvais m’attendre à recevoir vers minuit l’ordre de décrocher»

Outre les combats retardateurs, les risques de débordement et d’annihilation sont donc bien réels. L’unité atteint pourtant la frontière égypto-libyenne, puis continue le repli à travers la Cyrénaïque. Le 18 novembre, le régiment repousse des automitrailleuses ennemies à Sceleidima et Antelat avant de décrocher vers Agedabia. Un nouveau combat retardateur est remporté dans cette dernière localité. Schmidt rapporte « Le duel entre chars et antichars battit son plein. Il dura deux heures. Deux de mes pièces furent balayées, mais nous détruisîmes bon nombre de chars. De plus, nous avions bloqué l’avance ennemie. » En Tripolitaine, le Panzergrenadier-Regiment-Afrika fait toujours office de couverture pour le repli de l’armée de Rommel, à commencer par l’évacuation des positions de Mersa el Brega dans la nuit du 12 décembre. A cette occasion, des pertes sensibles sont essuyées puisqu’une compagnie est presque anéantie lors d’un combat acharné l’opposant aux blindés britanniques.

            Lorsque Rommel organise un Kampfgruppe de l’Afrika Korps confié au général Liebenstein puis à l’Oberst Bülowius, c’est tout naturellement qu’il y incorpore le Panzergrenadier-Regiment-Afrika ou encore Kampfgruppe Menton, rattaché à la 164. Leichte Afrika-Division, et ce jusqu’à la fin de la campagne. Après la prise de Gafsa puis de Fériana, qui s’opèrent sans difficultés face à un adversaire qui se replie sur la Dorsale occidentale tunisienne, l’unité a fort mailles à partir devant le col de Kasserine. Surprenant les équipages d’half-tracks pourvus de canons, le Panzergrenadier-Regiment-Afrikas’empare d’une colline en avant de la passe avant de parvenir à s’infiltrer sur les pentes bordant le col de Kasserine, Schmidt parvenant à atteindre et tenir un pont enjambant un oued avec un petit commando. Après l’échec de l’offensive de l’Axe, l’unité est ramené sur la ligne Mareth, dans le sud tunisien. Menton met alors sur pied un troisième bataillon constitué à Sfax pour compenser les pertes. Après avoir repoussé l’assaut frontal britannique sur la ligne Mareth, le régiment est envoyée en urgence un peu plus au nord, dans le secteur d’El Guettar pour contribuer à l’endiguement de la poussée du 2nd US Corps de Patton qui menace d’atteindre Gabès. Suite à la percée de la 8th Army sur l’oued Akarit, l’unité se replie sur Kairouan le 10 avril puis sur la  position d’Enfidaville. Il disparaît avec le reste du Heeres-Gruppe Afrika en mai 1943.

Gliederung Sonderverband 288

A l’origine, l’unité aligne douze compagnies :

  • L’état-major avec l’équivalent de quatre compagnies : une compagnie d’état-major, une compagnie blindée de reconnaissance, une section de reconnaissance et une compagnie d’arabisants.
  • 1.Kompanie : des spécialistes des opérations de sabotage derrière les lignes ennemies de l’Abwehr Lehr-Regiment zbV (des Brandebourgeois)
  • 2.Kompanie : des Gebirgsjäger (venant du Wehrkreis VII-Mittenwald)
  • 3.Kompanie : Schützen motorisés (venant du Wehrkreiss XI-Braunschweig)
  • 4.Kompanie : Maschinengewehr (venant du Wehrkreiss IV– Dresden)
  • 5.Kompanie : Panzerjäger (venant du Wehrkreiss VI-Münster) et 3 Sturmgeschütze(venant du Wehrkreiss XIII-Schweinfurt)
  • 6.Kompanie : Flak (venant du Wehrkreiss VI-Münster)
  • 7.Kompanie : Pioniere (venant du Wehrkreiss XI-Braunschweig)
  • Nachrichten Kompanie (venant du Wehrkreiss IV-Dresden)

On constate que les hommes constituant cette unité hors-normes proviennent de toute l’Allemagne, ce qui est rare au sein de la Heer. Ceci résulte de la nécessité de disposer de soldats aptes à remplir une mission spéciale.

Gliederung 90. Leichte-Division

Principales unités de la division présentes en Afrique

Août 1941:

  • Stab mit Divisions-Kartenstelle 259
  • Bataillonsstab z.b.V. 300 mit 6. und 12. Oasen-Kompanie
  • III. / Infanterie-Regiment 347
  • 1 Panzer-Divisions-Aufklärungs-Abteilung (im Wechsel)
  • Nachrichten-Kompanie z.b.V. Afrika

Novembre 1941:

  • Stab mit Divisions-Kartenstelle 259
  • Schützen-Regiment 155
  • III. / Infanterie-Regiment 255
  • III. / Infanterie-Regiment 347
  • Afrika-Regiment 361
  • Bataillon z.b.V. 300 « Oasen »
  • gemischte Aufklärungs-Kompanie 580
  • Panzerjäger-Abteilung 605 (Sfl)
  • Artillerie-Abteilung 361
  • Pionier-Bataillon 900
  • Nachrichten-Kompanie z.b.V. Afrika
  • Divisions-Nachschubführer 190

Février 1942 :

  • Stab der Division
  • Infanterie-Regiment (mot.) 155
  • Infanterie-Regiment Afrika (mot.) 361
  • Sonderverband 288
  • Artillerie-Regiment (mot.) 361
  • Infanterie Rgt. 3/255
  • Infanterie Rgt. 3/347
  • Nachrichten-Kie. Zbv Afrika

Avril 1942:

  • Stab der Division
  • Divisions-Kartenstelle (mot.) 529
  • Infanterie-Regiment (mot.) 200
  • Infanterie-Regiment (mot.) 155
  • Infanterie-Regiment Afrika (mot.) 361
  • schwerste Art. Infanteriegeschütz-Kompanie 707
  • schwerste Art. Infanteriegeschütz-Kompanie 708
  • Afrika Artillerie-Regiment 361
  • Heeres Kusten Art Abt 528
  • Heeres Kusten Art Abt 533
  • Panzerjäger-Abteilung (mot.) 190
  • Panzerjäger-Abteilung (mot.) 605
  • Pionier Kie. 900
  • Aufklärungs-Kompanie (mot.) 580
  • Nachrichten-Kie. 190
  • Bäckerei-Kompanie (mot.) 535
  • Schlächterei-Kie. (mot.) 517
  • Divisions-Verpflegungsamt (mot.)
  • Feldgendarmerie-Trupp (mot.)
  • Feldpostamt (mot.) 190

Septembre 1942 :

  • Stab .der Division
  • Panzer-Grenadier Regiment 155
  • Panzer-Grenadier Regiment 200
  • Panzer-Grenadier Regiment 361
  • Kolbeck-Bataillon
  • Panzerjäger-Abteilung (mot.) 90
  • Aufklärungs-Kompanie (mot.) 580 Artillerie-Regiment (mot.) 190
  • Nachrichten-Abteilung (mot.) 190
  • Pionier-Bataillon (mot.) 190
  • Feldersatz-Bataillon 190
  • Krankenkraftwagen-Zug (mot.) 638
  • Munitionsverwaltungs-Kompanie (mot.) 540
  • Bäckerei-Kompanie (mot.) 535
  • Schlächterei-Kompanie (mot.) 517
  • Feldgendarmerie-Trupp (mot.)
  • Feldpostamt (mot.) 190

Epilogue

Le bref résumé de ses engagements suffit à montrer sa valeur. La 90. Leichte a été à la hauteur de l’attente de ses chefs. Elle fournit donc depuis sa création l’appui d’infanterie nécessaire à l’Afrika Korps. Ce dernier ne dispose pas en effet d’assez de fantassins (seulement un régiment par division de Panzer au lieu de deux) ni de motocyclistesL’infanterie de la 90, Leichte s’avère indispensable pour mener l’assaut contre Bir Hacheim en juin 1942. Il en sera de même à El Alamein le mois suivant. Ses régiments de fantassins sont également nécessaires pour tenir les positions défensives établies autour de Tobrouk en novembre 1941 et sur la ligne Mareth puis l’oued Akarit en 1943. Toutefois, tenant les crêtes de Belhammed et d’El Duda au-delà de Sidi Rezegh, l’unité souffre considérablement au cours de l’opération « Crusader » en raison du succès initial de la percée de la garnison de Tobrouk et de l’avance victorieuse de la division néo-zélandaise depuis la frontière égyptienne. Ce rôle de division de soutien à un corps de Panzer sera donc tenu jusqu’à la défaite finale en Tunisie.

En décembre 1943, la Wehrmacht forme une nouvelle unité en Sardaigne avec notamment quelques rescapés de l’ancienne division. La « Sardinien-Division » devient la 90. Panzergrenadier-Division et opère avec brio en Italie jusqu’à la fin de la guerre.

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