Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Recension « Utah Beach. Mardi 6 juin 1944 », éditions OREP

L’auteur évite les poncifs, ainsi que les légendes qui n’en sont plus pour les connaisseurs et sait aller à l’essentiel

Christophe Prime, Utah Beach. Mardi 6 juin 1944, OREP, 2019, 128 pages

On salue ici l’initiative des éditions OREP, qui nous gratifient d’une série d’ouvrages consacrés aux sites et batailles emblématiques du Jour-J et de la bataille de Normandie. Le dernier opus est l’un des plus réussis. Les combats pour Utah Beach sont moins célébrés que ceux d’Omaha Beach, et c’est bien regrettable. Ce livre a le grand mérite de nous les faire découvrir. Il est signé Christophe Prime, historien du Mémorial de Caen, qui fait partie de ces auteurs qui comblent le vide qui est celui de nos universités en matière d’histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale.

Fin connaisseur de la bataille de Normandie, il revient sur une bataille qu’il a déjà abordé (voir son La bataille du Cotentin). Le style, clair, précis et documenté, ravira les amateurs. L’auteur évite les poncifs, ainsi que les légendes qui n’en sont plus pour les connaisseurs (cf les fameux parachutistes suspendus au clocher de Sainte-Mère-Eglise) et sait aller à l’essentiel sans pour autant verser dans un récit rêche et sans âme : les détails et les anecdotes fourmillent (notamment sous forme d’encadrés en bas de page, tous très intéressants), ainsi que des chiffres précis et actualisés (cf les pertes à Utah Beach, l’auteur n’oubliant ni les unités rattachées à la 4th US ID, ni les unités aéroportées). De fait, Christophe Prime parvient toujours à me surprendre, alors même que j’ai multiplié les lectures sur cette campagne qui compte aussi parmi mes favorites.

L’un des atouts de ce livre réside dans son iconographie : enfin un éditeur qui nous propose de belles photographies d’époque inédites (ce qui justifie l’achat de l’ouvrage), outre les nombreux clichés de pièces d’équipements actuelles retrouvées sur le terrain, souvent très originales et rarissimes (cf aussi Traces de Guerre du même auteur). On enrage parfois à ne pas les posséder… J’ai apprécié le passage évoquant les raisons de la tenue du fameux Kriegspiel de Rennes, ainsi que l’éventualité d’un déploiement complet de la 2. Fallschirmjäger-Division dans le Cotentin. Les opérations aéroportées sont en bonne place dans l’ouvrage, et clairement explicitées. Christophe Prime a eu en outre la présence d’esprit de ne pas limiter son propos aux événements du seul 6 juin, et d’esquisser un tableau des combats menés au sud (Carentan) et au nord (Montebourg), puisque la raison d’être du débarquement sur Utah réside bien dans Cherbourg, alors même qu’il est également tout aussi impératif d’établir la jonction avec les forces débarquées sur Omaha. Quant à Utah, l’auteur nous décrit le devenir de la plage après le D-Day, l’organisation de la logistique et des unités qui y sont affectées. Il n’oublie pas non plus d’évoquer le Luftwaffe,moins absente que souvent rapporté, ainsi que la menace que représentent les mines sous-marines.

En quelque sorte spécialiste de la bataille de Normandie, j’apprécie toujours de passer un bon moment sur avec de nouvelles lectures sur le sujet, quand bien même elles sont destinées au grand public : ce type d’ouvrage correspond parfaitement à cette attente. Amateurs comme passionnés y trouveront leur compte.