Livre Première Guerre Mondiale WWI

Recension de « 1916 en Mésopotamie. Moyen-Orient: naissance du chaos » de Fabrice Monnier

La narration des événements ainsi que des responsabilités qui mènent au désastre britannique de Kut et ses suites est bien menée, le texte étant centré sur la personnalité controversée de Townshend.

1916 en Mésopotamie. Moyen-Orient: naissance du chaos  par Fabrice Monnier, CNRS Editions, 2017

Je pense que ce livre est à lire par les passionnés de la Première Guerre mondiale. Un sujet qui m’interpelle, pour avoir écrit La Grande Guerre au Moyen-Orient (publié presque en même temps que Du Caire à Damas, très bon livre de Rémy Porte), mais mon ouvrage (épuisé, mais j’en possède les droits pour une réédition en France), axé sur les opérations menées depuis l’Egypte, ne traite que très peu de la Mésopotamie. Fabrice Monnier donne un sous-titre à son ouvrage: « Moyen-Orient: naissance d’un chaos ». En fait, on y apprend guère sur les difficultés d’après-guerre ou la genèse du Moyen-Orient moderne: on préfèrera lire de A peace to end all peace de David Fromkin ou encore La saga des Hachémites de Rémi Kauffer, voire Lawrence d’Arabie de Christian Destremeau. Ce livre n’en reste pas moins passionnant, donnant de nombreuses clés de compréhension sur ce front méconnu, les nombreux détails étant affinés par de précieuses notes en fin d’ouvrage qu’il faut absolument consulter au fil de la lecture. Les chapitres introductifs sur les questions économiques et politiques relatives à la Mésopotamie avant la guerre sont les bienvenus. La narration des événements ainsi que des responsabilités qui mènent au désastre britannique de Kut et ses suites est bien menée, le texte étant centré sur la personnalité controversée de Townshend. Les forces et faiblesses des deux armées sont expliquées avec détails, de même que la question perse qui est liée en partie aux opérations menées en Mésopotamie. Je déplore cependant le style d’écriture de l’auteur, trop enclin à annoncer des faits à l’avance, ne ménageant aucun suspense, et ne cessant de multiplier les « j’y reviendrai » ou autres « rappelons » ainsi que diverses tournures qui appartiennent visiblement au « langage parlé ». Ses jugements parfois à l’emporte-pièce et par trop généralisante sur les moeurs des différentes populations musulmanes évoquées me laissent par ailleurs un peu dubitatif. Le livre reste toutefois réussi et très intéressant, sur un propos original, et je le recommande. On pourra également lire The First Irak War 194-1918: Britain’s Mesopotamian Campaign d’A.J. Barker, qui m’avait beaucoup plu, mais l’ouvrage se concentre sur les aspects militaires