Boris Laurent, Les Opérations Germano-Soviétiques dans le Caucase (1942-1943), Economica
Publié en 2014 par les éditions Economica, cet ouvrage relate une opération méconnue par le grand public amateur de la Seconde Guerre mondiale, et souvent négligée par nombre de passionnés, à savoir l’offensive allemande de l’été 1942 en direction du Caucase. Si la bataille de Stalingrad, passée à la postérité, retient toutes les attentions, l’objectif premier du Fall Blau (l’offensive d’été dans le sud de l’Union Soviétique) réside pourtant dans la saisie des sites de production du pétrole du Caucase (Maïkop, Grozny et Bakou essentiellement), tout en privant les Soviétiques de cette ressource essentielle, d’autant que l’aide anglo-saxonne au titre du prêt-bail emprunte largement la voie qui transite par l’Iran puis Astrakhan.
Boris Laurent nous livre un récit intéressant et complet de l’opération, après une introduction posant les objectifs et les moyens des deux camps. Les différentes phases de l’offensive sont bien expliquées, même si, comme trop souvent, davantage de cartes auraient été les bienvenues afin de suivre sans difficultés les opérations. Le récit est clair et le va-et-vient entre les états-majors (aussi bien allemands que soviétiques) et les unités est appréciable, de même que les fréquentes prises de recul pour saisir la situation stratégique à un moment donné. L’impact négatif des opérations menées à Stalingrad ainsi qu’ailleurs sur le Front de l’Est, de même que les craintes de Hitler quant à un débarquement à l’Ouest ne sont pas oubliés, pas plus que les opérations spéciales menées dans le Caucase (Chamil, etc). La pénétration du Caucase et de la steppe kalmouke s’apparente à une véritable aventure… J’ai particulièrement apprécié « A l’assaut des passes du Caucase » (même si, pour un récit plus complet des combats menés par les Gebirgsjäger, je recommande A la Conquête du Caucase d’Eric Hoesli). Le chapitre « La Ostheer s’enlise » puis « La course contre la montre » nous expliquent l’échec final de Blau. La dernière centaine de pages est encore moins connue et s’avère tout aussi passionnante: l’auteur nous raconte les combats de la 17. Armee demeurée dans le Kouban jusqu’à son évacuation en 1943 (on ne peut s’empêcher de songer à Croix de Fer, l’excellent film de Sam Peckinpah). On y découvre notamment la « résurrection » de la VVS, l’aviation de l’Armée rouge, car l’un des intérêts du livre est de très bien nous expliquer le point de vue soviétique des opérations.
Nous avons là au final un livre très réussi qui comble une lacune dans l’historiographie française, un livre que les lecteurs anglophones pourront compléter par The Caucasus and the Oil par Wilhelm Tieke, ainsi que par mon article publié dans 2e Guerre Mondiale Magazine N°59: « La 16. ID (mot) dans le Caucase. L’unité la plus à l’Est de la Wehrmacht ».
Boris Laurent, Les Opérations Germano-Soviétiques dans le Caucase (1942-1943), Economica
Publié en 2014 par les éditions Economica, cet ouvrage relate une opération méconnue par le grand public amateur de la Seconde Guerre mondiale, et souvent négligée par nombre de passionnés, à savoir l’offensive allemande de l’été 1942 en direction du Caucase. Si la bataille de Stalingrad, passée à la postérité, retient toutes les attentions, l’objectif premier du Fall Blau (l’offensive d’été dans le sud de l’Union Soviétique) réside pourtant dans la saisie des sites de production du pétrole du Caucase (Maïkop, Grozny et Bakou essentiellement), tout en privant les Soviétiques de cette ressource essentielle, d’autant que l’aide anglo-saxonne au titre du prêt-bail emprunte largement la voie qui transite par l’Iran puis Astrakhan.
Boris Laurent nous livre un récit intéressant et complet de l’opération, après une introduction posant les objectifs et les moyens des deux camps. Les différentes phases de l’offensive sont bien expliquées, même si, comme trop souvent, davantage de cartes auraient été les bienvenues afin de suivre sans difficultés les opérations. Le récit est clair et le va-et-vient entre les états-majors (aussi bien allemands que soviétiques) et les unités est appréciable, de même que les fréquentes prises de recul pour saisir la situation stratégique à un moment donné. L’impact négatif des opérations menées à Stalingrad ainsi qu’ailleurs sur le Front de l’Est, de même que les craintes de Hitler quant à un débarquement à l’Ouest ne sont pas oubliés, pas plus que les opérations spéciales menées dans le Caucase (Chamil, etc). La pénétration du Caucase et de la steppe kalmouke s’apparente à une véritable aventure… J’ai particulièrement apprécié « A l’assaut des passes du Caucase » (même si, pour un récit plus complet des combats menés par les Gebirgsjäger, je recommande A la Conquête du Caucase d’Eric Hoesli). Le chapitre « La Ostheer s’enlise » puis « La course contre la montre » nous expliquent l’échec final de Blau. La dernière centaine de pages est encore moins connue et s’avère tout aussi passionnante: l’auteur nous raconte les combats de la 17. Armee demeurée dans le Kouban jusqu’à son évacuation en 1943 (on ne peut s’empêcher de songer à Croix de Fer, l’excellent film de Sam Peckinpah). On y découvre notamment la « résurrection » de la VVS, l’aviation de l’Armée rouge, car l’un des intérêts du livre est de très bien nous expliquer le point de vue soviétique des opérations.
Nous avons là au final un livre très réussi qui comble une lacune dans l’historiographie française, un livre que les lecteurs anglophones pourront compléter par The Caucasus and the Oil par Wilhelm Tieke, ainsi que par mon article publié dans 2e Guerre Mondiale Magazine N°59: « La 16. ID (mot) dans le Caucase. L’unité la plus à l’Est de la Wehrmacht ».
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