Antiquité Livre

Recension « Athènes. Histoire d’une cité entre mythe et politique » par Sonia Darthou

L’auteure explique clairement la symbolique à rattacher au partage de l’Attique, ainsi que l’importance de Poséidon.

Sonia Darthou, Athènes. Histoire d’une cité entre mythe et politique, Passés Composés, 287 pages

Féru de l’Histoire de la Grèce ancienne (ma spécialisation de fac), je ne peux que vous recommander cette belle étude de Sonia Darthou. Le sujet semble rebattu: Athènes. Certes, mais l’auteure articule avec brio son argumentation autour des liens entre mythe et politique au sein de cette cité illustre entre toutes.

Qu’est-ce que le lecteur va découvrir dans cet ouvrage? Beaucoup de choses passionnantes et fort bien relatées, qui nous permettent d’appréhender cette cité sous un angle original. Comme il se doit, tout débute avec les fameux mythes de fondation avec des protagonistes tels qu’Athéna, Poséidon, Héphaïstos et, évidemment, Kékrops, Erichthonios et Erechthée. L’auteure explique clairement la symbolique à rattacher à ce partage de l’Attique, ainsi que l’importance de Poséidon (et pas seulement en accord avec la thalassocratie qui se met en place au Vème siècle avant J.-C.), même si Athéna reste la déesse poliade. Thésée, le héros athénien par excellence, est gratifié d’un chapitre qui traite exclusivement des mythes auxquels il est rattachés et de leurs significations, ainsi que de son utilisation politique et sociale, entre synoecisme, éphébie et thalassocratie.

La symbolique, c’est aussi l’olivier et la chouette, sujets de deux chapitres remarquables et fort instructifs, mais aussi les représentations qui ornent les vases. On apprécie que l’étude prenne appui sur l’iconographie antique, dûment expliqué par l’auteure. Celle-ci sait aussi convoquer avec intelligence les écrivains anciens ou plus récents pour étayer ses propos.

Le mythe de l’autochtonie (avec évidemment Erichthonios), si caractéristique de la cité athénienne, constitue l’un des passages forts de l’ouvrage. Au-delà du mythe, ce chapitre, comme les autres, opère toujours un va-et-vient entre le mythe et ses conséquences politiques, mais aussi sociales. La difficile intégration des étrangers prend ici tout son sens, quand bien même ils se sont vus octroyer la citoyenneté, à l’instar des fidèles alliés platéens, ou qu’ils soient des métèques (quoique ceux-ci me semblent bien participer au combat au sein de la phalange hoplitique, contrairement à ce qui est avancé page 166).

Cette étude rigoureuse et savante ne commet pas l’écueil de faire l’impasse de l’utilisation des mythes dans les discours, la mémoire collective (au Dèmosion Sèma comme ailleurs), les joutes oratoires lors des procès ou encore dans le cadre de représentations théâtrales comiques. L’amateur du genre y retrouvera une multitude de figures mythologiques et de héros, mais aussi des hommes et des femmes passés à la postérité, comme la belle courtisane Aspasie, la compagne de l’illustre Périclès.

Le livre termine donc en beauté. Un ouvrage sérieux, écrit avec rigueur et style, un travail universitaire comme on les apprécie.

Si vous êtes passionnés par l’Athènes antique, des liens entre mythe et politique, ou tout simplement de mythologie, cet ouvrage fera votre bonheur, comme il m’a captivé pendant de belles heures de lecture.