Seconde Guerre Mondiale WWII

Panzergrenadiere! Organisation et matériel

Au milieu des années 30, les premières divisions de Panzer sont dotées d’une Schützen-Brigade composée d’un régiment de Schützen (à 2 bataillons) et d’un bataillon de motocyclistes (Kradschützen-Bataillon), soit 3 bataillons de fantassins motorisés.

(photos: Bundesarchiv)

Un Sdkfz 251et ses Panzergrenadiere: l’image d’Epinal des troupes motorisées de la Wehrmacht

L’organisation: les formations d’infanterie motorisées de la Wehrmacht

            Au milieu des années 30, les premières divisions de Panzer sont dotées d’une Schützen-Brigade composée d’un régiment de Schützen (à 2 bataillons) et d’un bataillon de motocyclistes (Kradschützen-Bataillon), soit 3 bataillons de fantassins motorisés. Le ratio est alors de 4 bataillons de chars pour 3 de fantassins. Les bataillons de Schützen ne contiennent pas que des fantassins mais englobent une compagnie lourde avec des pionniers, des antichars et de l’artillerie légère. De la même manière, le bataillon motocycliste aligne une compagnie de mitrailleuses lourdes de même qu’une compagnie lourde. Les manoeuvres montrent cependant la nécessité de disposer de plus de fantassins. Un 2e régiment de Schützen est donc ajouté dans l’organisation d’un Panzer-Division. L’organigramme des nouvelles Panzer-Divisionen levées avant la campagne de Pologne compte de la même façon 2 régiments de Schützen à 2 bataillons. Dans le même temps, le nombre théorique de Panzer diminue de 1935 à 1939 de 561 à 308/316, permettant ainsi un rééquilibrage entre les deux armes. On compte 2 bataillons de chars pour 5 bataillons de fantassins et de motocyclistes. Le ratio Panzer/Schützen diminue à nouveau après la campagne de 1940 puisque, à la veille de Barbarossa, la Panzer-Division type 41 compte 150-200 chars en 2 bataillons pour 5 bataillons d’infanterie (en comptant les motocyclistes).

Le fameux Sdkfz 250 « Greif » de Rommel en Libye. Le DAK n’a que peu de combattants sur SPW: le ratio Panzer/Schützen ainsi que le nombre de SPW ne cesse d’évoluer au fil des années.

De 1942 à 1944, la division de Panzer compte toujours 2 régiments de Panzergrenadiere (les Schützen deviennent Panzergrenadiere le 5 juillet 1942), soit 4 bataillons d’infanterie, mais le bataillon de motocyclistes a disparu. La division de Panzer type 45 entérine l’évolution en faveur de la diminution du ratio Panzer/Panzergrenadiere puisque cette ultime mouture de la division blindée allemande suppose l’existence d’un régiment mixte d’un bataillon de Panzer et d’un de Panzergrenadiere et d’un régiment de Panzergrenadiere à 2 bataillons, soit 3 bataillons d’infanterie motorisée pour 1 seul de Panzer (qui n’aligne plus qu’environ 50 blindés, soit 11 fois moins que la Panzer-Division de 1935). Evolution logique et parallèle, les divisions motorisées disparaissent alors toute et deviennent toutes des divisions blindées.

            Les divisions motorisées n’ont à l’origine aucun Panzer dans leur ordre de bataille. En revanche, elles sont dotées de 3 régiments disposant chacun de 3 bataillons d’infanterie portée, sans compter les armes de soutien. Sans même tenir compte des motocyclistes de reconnaissance, une division motorisée peut donc aligner 9 bataillons d’infanterie contre 4 bataillons dans une division de Panzer. En 1939, une division motorisée aligne en théorie 16 500 hommes, 2 600 camions et 1 900 motocyclettes et side-cars.  Toutefois, après la campagne de Pologne, les ID (mot.) cèdent tous un régiment d’infanterie et ne comptent donc plus que 6 bataillons de fantassins. Les régiments ou bataillons libérées sont intégrés dans des Panzer-Divisionen ainsi qu’au Grossdeutschland-Regiment.

Le Sturmgeschütz: le char des divisions motorisées puis de Panzergrenadiere

A l’été 1942, la puissance de ces divisions est accrue par l’appoint non négligeable d’un bataillon de blindés, le plus souvent des Sturmgeschütze. En octobre de la même année, les Schützen-Regimenter deviennent des Grenadiere-Regimenter puis, à partir de mars 1943, des Panzergrenadiere-Regimenter. Les divisions motorisées changent elles-mêmes des Panzergrenadiere-Divisionen le 23 juin 1943, à la veille de la bataille de Koursk, à l’exception notable des 14. et 36. (mot.) Divisionen. Comme sa cadette la division motorisée, la Panzergrenadier-Division -15 000 hommes en 1943- aligne 2 régiments de fantassins. Le bataillon de Sturmgeschütze est toujours présent. Notons le cas atypique de la Panzer-Grenadier-Division « Großdeutschland », la division d’élite de la Wehrmacht, en fait une véritable division de Panzer, qui ira jusqu’à compter 4 bataillons de Panzer rattachés en sus de son bataillon de Sturmgeschütze.  En 1943, les divisions de Panzergrenadiere de la Waffen SS- Leibstandarte, Das Reich, Totenkopf et Wiking- sont également similaires à des divisions de Panzer, de même que la Panzer-Grenadier-Division « Felherrnhalle », issue de la 60. Panzer-Grenadier-Division en juin 1943, à l’origine dotée de 4 compagnies de fantassins par bataillons de Panzergrenadiere (au lieu de 3) et de 4 compagnies de Panzer (au lieu de 3 également).

Un Panther de la Panzerbrigade 111

Schützenpanzerwagen (SPW): un blindé pour l’infanterie motorisée

Un engin taillé pour la Blitzkrieg

            Dernier avatar de la notion de combinat Panzer-Panzergrenadiere, le 10 juillet 1944 sont créées 10 Panzer-Brigaden. Hitler, devant l’urgence de la situation qui tourne à la catastrophe sur tous les fronts, accélère la montée en ligne de ces formations basées sur le modèle du Kampfgruppe qui a fait ses preuves. En théorie, dépourvue d’artillerie mais dotée d’armes de soutien, chaque Panzer-Brigade compte un bataillon de chars à 3 compagnies et un bataillon de Panzergrenadiere à 4 compagnies.

            Lorsque la guerre éclate, l’industrie de guerre allemande n’est pas en mesure de fournir aux divisions blindées et motorisées allemandes un nombre suffisant d’engins dotés de capacité de déplacement tout terrain. Les fantassins des divisions mobiles montent donc  au front avant tout à bord de camions et en motocyclettes. Si celles-ci sont plus faciles à dissimuler tout en permettant une flexibilité de déploiement et si l’Allemagne est une grande productrice de motos, elles ne peuvent emporter que peu de combattants (entre 1 et 3) et n’ont aucune capacité de fret pour toutes sortes d’équipements ou l’emport de munitions complémentaires. En outre, elles vont vite s’avérer inadaptées à certaines conditions climatiques, notamment le désert avec la poussière qui s’insinue dans la mécanique ainsi que le terrain trop sableux qui empêche tout mouvement rapide. Dans les deux cas –camions et motos-, les soldats restent à la merci des intempéries et l’absence de blindage rend bien périlleuse toute progression de concert avec les Panzer. Les Schützen motorisés allemands restent pourtant logés à meilleure enseigne que leurs homologues des divisions cuirassées françaises, puisque certaines unités de dragons portés qui n’ont pas eu la chance de percevoir d’excellents Laffly sont contraintes de monter en ligne à bord d’autobus ! Ne parlons même pas des fantassins soviétiques qui, le plus souvent, en seront réduit à se cramponner sur la vaste plage arrière des T 34, où ils ne bénéficient d’absolument aucune protection.

Le SPW: un engin blindé qui permet le transport de l’infanterie d’accompagnement sur le champ de bataille.

            Pour qu’un véhicule d’accompagnement d’infanterie d’une formation blindée soit efficace, cela suppose que l’engin soit à la fois blindé et susceptible d’évoluer sans difficulté en dehors des voies de communications, y compris dans la boue et en terrain meuble. La solution est donc d’adopter des véhicules chenillés ou semi-chenillés. Ce sera la seconde solution: le half-track, plus faciles et moins coûteux à produire que des engins entièrement chenillés. La première introduction du semi-chenlillé dans l’Histoire est due à Adolphe Kégresse, un ingénieur français qui réalise cette première sur les véhicules du tsar Nicolas II.

La Wehrmacht dispose de tout un panel de semi-chenillés

            L’existence de tracteurs d’artillerie semi-chenillés va faciliter la mise au point de half-tracks pour l’infanterie. Le tracteur d’une tonne (Sdkfz 10 Demag) servira de base au développement de la série des Sdkfz 250 tandis que le tracteur de 3 tonnes donnera les Sdkfz 251 (le châssis Hansa-Lloyd K1 6 sera la base du nouveau semi-chenillé). Les Sdkfz 250 et 251 (qui embarquent respectivement au mximum respectivement 6 et 12 hommes) sont blindés comme l’exigeait le cahier des charges à l’origine de leur mais la paroi reste d’une épaisseur somme toute limitée. Elle permet néanmoins de fournir une protection suffisante contre les tirs d’armes légères et les schrapnels. L’absence de toit est une limitation de taille pour un emploi tactique en terrain  bocager, forestier ou urbain. En revanche, l’utilité d’une telle configuration réside dans la possibilité de voir la dizaine de fantassins abrités dans un Sdkfz 251 voltiger de part et d’autre de l’engin et depuis les ventaux situés à l’arrière du véhicule en l’espace de quelques secondes.

Le petit Sdkfz 250

            Le Sdkfz 250 pèse 5,3 tonnes, est protégé par un blindage oscillant entre 8 et 14,5 mm et peut atteindre l’honorable vitesse de 60 kilomètres/heure.  L’engin entre en production à temps pour participer à la campagne à l’Ouest de 1940. Le Sdkfz 250 semble être en fait une réduction de son aîné le Sdkfz 251, mis en service en 1939. Ce dernier s’avère plus intéressant sur le plan tactique en raison de sa capacité d’emport d’un groupe de combat dans son intégralité. L’engin est mis au point dès le milieu des années 1930. Pesant 8,5 tonnes pour une épaisseur de blindage équivalente au Sdkfz 250, le Sdkfz 251 répond davantage aux attentes. Ce poids reste raisonnable et correspond aux impératifs découlant de l’emploi tactique de l’engin: trop lourd, il ne serait pas en mesure d’évoluer facilement sur tous les types de terrain. Pour faciliter la production, le design des deux semi-chenillés ne cesse d’être simplifié, notamment en ce qui concerne les compartiments à rangement latérales et les garde-boue. Au total, l’industrie allemande fournit environ 16 300 Sdkfz 251 et 6 500 Sdkfz 250 à la Wehrmacht et à la Waffen SS.

Plusieurs modèles de SPW de commandement dotés d’antennes radios spéciales sont mis au point.

            Avec l’expérience, la mise au point de nouvelles versions de SPW s’avère essentielle au haut-commandement allemand. On dénombre au total 14 variantes de Sdkfz 250 et 22 pour le Sdkfz 251. Des leçons sont tirées des premiers engagements et l’entraînement insiste plus particulièrement sur la coopération interarmes.

Le « Stuka zu FuB » avec ses roquettes…

Des modifications sont apportées aux SPW pour emporter un mortier, voire une pièce antichar de 37 mm (sdkfz 250/10 et 251/10). Les Panzergrenadiere insistent en effet pour bénéficier de davantage de puissance de feu. Le Pak 36 de 37 mm reste pourtant bien inefficace, même avec l’obus à au tungstène Panzergrenate 40. A l’automne 1941, la Stielgrenate 41 lui redonne une nouvelle jeunesse (181 mm  de blindage pouvant être percé à 300 mètres!). Le Sdkfz 250/11 doté du canon schewere Panzerbusche de 2,8 cm est le bienvenu en 1942 mais ne tarde pas à montrer ses limites, surtout à l’Est. Mieux armé, le Sdkfz 251/9 « Stummel », avec théoriquement 6 engins par régiment de Panzergrenadiere, est équipé du 7,5 cm L/24 court qui arme les premières versions de Panzer IV. Il faudra attendre le début de l’année 1945 pour produire quelques SPW -en l’occurence le Sdkfz 251/22- avec l’excellent Pak40 de 7,5 cm.

La version poseur de pont léger du génie…

            Dans les faits, l’industrie de guerre allemande ne sera jamais en mesure de répondre à la demande exigée par la multiplication des formations blindées et motorisées, et ce d’autant plus que le Reich persiste à ne pas mobiliser entièrement son économie pour la guerre pendant les premières années du conflit. Pendant toute la durée du conflit, nombre de Panzergrenadiere partiront au combat à bord de camions. En Pologne, une seule compagnie appartenant à la 1. Panzer-Division  participe à la campagne juchée sur ses SPW. La Wehrmacht n’aligne en effet que 69 Sdkfz 251 en date du 1er septembre 1939. Ce n’est qu’avec l’invasion de l’Union Soviétique en 1941 que des bataillons entiers peuvent être montés sur Sdkfz 251. Un bataillon doté de Sdkfz 251 est souvent idéentifié par le suffixe (gep) -pour gepanzerte- afin de le distinguer des autres, encore montés sur camions.

En 1942, le terme Panzergrenadier devient officiel!

En 1942, les Schützen deviennent des Panzergrenadiere, un terme à mettre en rapport avec l’entrée en lice d’un nombre toujours plus grand de SPW. Ceci étant, au moment du Fall Blau, au cours de l’été 1942, certaines Panzer-Divisionen n’ont au mieux qu’une compagnie de Panzergrenadiere équipée de Sdkfz 251, voire aucune, tous les hommes étant montés à bord de camions. La Wehrmacht fait flèche de tout bois. Ainsi, en 1944, la nouvelle 21. Panzer-Division, dont le parc de véhicules fait la part belle aux engins créés à partir de châssis français, aligne des Leichter SPW (2.Ausf) auf UNIC P-107 U-304 (f) pour remplacer les Sdkfz 251 manquants.

L’industrie n’est pas en mesure de fournir des SPW en quantités suffisantes pendant les années de Blitzkrieg

En 1944, alors que l’industrie de guerre du Reich bat son plein (7780 Sdkfz 251 sortent des chaînes de montage cette année-là), la situation s’est considérablement améliorée en la matière. Toutefois, les tables d’organisation ne prévoient de pourvoir en SPW que 2 des 4 bataillons de Panzergrenadiere d’un Panzer-Division. La dotation globale maximale de Sdkfz 251 de toute la guerre semble atteinte au 1er décembre 1944 : 6155 sont en unité. Sachant que l’on compte une cinquantaine de divisions blindées et motorisées et de Panzer-Brigaden, cela ne laisse qu’une moyenne de 150-200 Sdkfz 251 pour les formations d’élite et à peine 60-80 engins pour la majorité des unités.

Transports de troupes blindés alliés: halftrack américain en haut, Kangaroo canadien en bas.

            Les autres belligérants adoptent eux-aussi, pour une part, des engins blindés pour leur infanterie d’accompagnement. Les Britanniques, entièrement motorisés, généralisent la série des Bren Carriers, qui traversent toute la durée du conflit mais qui ne peuvent emporter que quelques hommes. Comme les Américains, le principal engin de transport de l’infanterie mécanisée en 1944 est l’half-track M3, ce dernier étant en quelque sort le pendant du Sdkfz 251 mais présentant une moindre polyvalence d’emploi. Contrairement aux Allemands, les Britanniques et les Canadiens disposent d’engins suffisamment blindés et entièrement chenillés avec les Kangouroo, en fait des automoteurs M8 Priest auxquels on a ôté la pièce d’artillerie ou encore des chars Ram de facture canadienne dont on a déposé la tourelle. Mis en service la première fois au cours de l’opération Totalize lancée en direction de Falaise en août 1944, ce sont de véritables blindés tous terrains capables d’emporter un groupe de combat dans son entier et de suivre les chars. De ce point de vue, ils restent supérieurs aux Sdkfz 251. L’armée allemande ne s’y trompe: estimant la nécessité de disposer d’un transport de troupe entièrement blindé, elle envisageait l’avenir du Panzergrenadiere avec une nouvel engin basé sur la Pz.Kpfw. 38 (t).

Le Sdkfz 251: un blindé mythique sans réel équivalent