Torpilles sous l'Atlantique
Cinéma Livre Seconde Guerre Mondiale WWII

Films de Guerre/ War Movies : TORPILLES SOUS L’ATLANTIQUE

Le duel se déroulant dans les Caraïbes entre un sous-marin allemand et un destroyer américain.

Robert Mitchum dans un de ses grands rôles

Torpilles sous l’Atlantique (The Enemy Below en version originale), fameux film de Dick Powell, tourné en 1957, raconte le duel se déroulant dans les Caraïbes entre un sous-marin allemand et un destroyer américain, le USS Haynes. Ce dernier est commandé par le capitaine Murell un ancien officier de la marine marchande, joué par Robert Mitchum, commandant faussement laxiste et type même de l’amateur devenu professionnel. L’homme est pour le moins guère rancunier car on apprend qu’il a perdu son épouse lors du torpillage de son cargo…

En face de lui: Curd Jurgens. On déplore comme si souvent des casques ridicules pour les Allemands (comme si des modèles 35 ou 40 étaient si difficiles à dénicher pour les accessoiristes de années 1950)

Le personnage joué par Curd Jurgens (le capitaine von Stolberg) est celui que les Américains (et les Français, les Britanniques et les Allemands eux mêmes) souhaitent donner de la Wehrmacht en ces années de Guerre froide : un soldat résolu, professionnel mais apolitique, en tout cas hostile au parti nazi… Pour faire contrepoids et mettre en valeur son opposition au régime, Jurgens est affublé d’un second qui n’est qu’une caricature bien forcée de nazi en service dans la Kriegsmarine : salut hitlérien, lecture évidemment de « Mein Kampf », slogan hitlérien à l’intérieur même du sous-marin… Le trait est un peu forcé, trop caricatural. Si le degré de nazification est important au sein de la marine allemande, il ne se traduit aucunement par ces marques de déférence… A l’inverse, si certains commandants de sous-marins n’ont pas caché leurs sentiments hostiles envers Hitler, ils sont peu nombreux et, dénoncés par des membres de leur équipage, ils l’ont payé parfois de leur vie. Un détail peu réaliste touche les sous-mariniers du film: ils sont trop propres…

On apprécie le fait d’avoir un véritable navire américain de la Seconde Guerre mondiale, en l’occurrence le destroyer d’escorte de la classe Buckley, le USS Whitehurst.

L’intérieur du submersible n’est pas celui d’un U-Boot de la Seconde Guerre mondiale. Il est évident que l’engin est d’après-guerre. Quant à la cabine du commandant, c’est un luxe inconnu à l’époque (l’intimité de son petit espace, qui se limitait à un lit, n’était assurée que par un simple rideau).

Les officiers du destroyer, d’abord dubitatifs quant aux capacités de leur capitaine

Comme dans Ouragan sur le Caine, l’équipage américain découvre un nouveau commandant envers lequel, comme il se doit, il se montre plutôt circonspect, voire dubitatif quant aux qualités de ce nouveau « pacha ». Mais, à l’opposé d’Humphrey Boggart, Robert Mitchum campe un officier de marine de valeur. Preuve de l’efficacité de la démocratie américaine en guerre, ce dernier était encore un capitaine de la marine marchande peu auparavant, mais il parvient à maîtriser tous les ressorts de la guerre anti-sous-marine en peu de temps. Le spectateur apprend le drame qui est à l’origine de son engagement.. Bien entendu, il ne ressent aucune haine et aucun esprit de vengeance ne l’anime : quelle grandeur d’âme, ces Américains qui luttent pour le bon droit ! On notera aussi que le jeune matelot qui est amputé de ses doigts semble prendre la chose avec légèreté : ces « boys » sont décidément d’un stoïcisme incroyable, et leur dévouement à la cause est sans limite.

Les Américains ont toujours l’allure décontractée que l’on attend d’eux dans un film de guerre hollywoodien. Mitchum, nue tête et à peine réveillé, n’a pas l’allure de Jurgens, même lorsque le U-Boot de ce dernier est sur le point de sombrer…

Les rôles secondaires sont assez effacés, écrasés par la présence à l’écran des deux commandants. On se demande d’ailleurs si le médecin de nord américain (ci-dessus) n’est pas un peu âgé pour une marine qui peut se permettre d’être regardante sur ses effectifs… Le second de Jurgens, Schwaffer, très mal doublé en français (l’accent est autant germanique que le mien est marseillais), n’est pas très convainquant..

Le scénario est bon, le suspense et le duel réussis. On apprécie les tactiques utilisées par les deux adversaires pour leurrer l’ennemi. On a là un bon film de guerre, qui se laisse regarder, même si on n’est pas à la hauteur du « Bateau » de Wolfgang Petersen, également très supérieur au U-371 de Jonathan Mostow.

Un happy end à l’américaine