Les Diables du Désert (Sea of Sand) est un film britannique de Guy Green datant de 1958. Cette œuvre est consacrée à l’épopée du Long Range Desert Group (LRDG), l’une des plus célèbres unités britanniques opérant sur les arrières de l’Axe au cours de la guerre du désert. Avant tout unité vouée au renseignement, le LRDG a lancé des raids à l’occasion, parfois avec de lourdes pertes (cf mon article dans Batailles & Blindés N°62 dans lequel je fourni une typologie des nombreux types d’opérations menées par les raiders).
Le « Road Watch », l’observation du trafic routier ennemi sur la Via Balbia (seul route macadamisée en Libye, le long de la côte), constitue la mission essentielle du LRDG: elle est évoquée dans le film.
Guy Green s’est assuré les conseils de Bill Kennedy Shaw (dont il faut lire Patrouilles du Désert, un des rares livres traduits en français permettant de découvrir l’épopée du LRDG), un des cadres du LRDG d’origine, ami de Ralph Bagnold, le créateur de l’unité avec lequel il a parcouru le Désert Occidental au cours des années 1930.
Le Captain Tim Cotton, le baroudeur, dont l’échec d’une liaison amoureuse n’apporte rien au scénario…
Le Captain Williams: en apparence l’officier rigide qui ne suit que le règlement.
Les Diables du Désert raconte une mission périlleuse menée contre un dépôt de carburant ennemi en 1942, peu avant la bataille d’El Alamein (ce qui est une référence à l’opération Agreement, lancée en septembre 1942; cf aussi mon article sur Un Taxi pour Tobrouk), mission au cours de laquelle la tension ne cesse de monter entre les deux officiers du convoi: son chef, le non-conformiste Captain Tim Cotton, et un spécialiste des mines, le Captain Williams; beaucoup plus à cheval sur le règlement.
Ci-dessus: les remarquables Chevrolet du film, dotés de tous les impedimenta d’une mission dans les profondeurs du désert.
Ci-dessous: les véritables Chevrolet 30 cwt en 1942
Le film a été tourné en Libye, avec le bénéfice d’un matériel roulant remarquable : le spectateur a l’illusion d’assister aux évolutions d’un groupe de Chevrolet du LRDG (pas moins de 5 Chevrolet 30 cwt partent en mission!) … Les blindés allemands sont moins convaincants, dont les éternels halftracks américains M3 maquillés en Sdfkz 251… Si l’allure générale des tenues, les détails des coiffures (notamment la variété de celles-ci) et l’équipement des Britanniques est de qualité (même si les mitraillettes Sten ne sont pas en service à cette date : les raiders devraient être armés de Thompson), les Allemands sont de nouveau négligés, y compris, bizarrement, leurs casques, alors que mettre la main sur une poignée de Stahlhelm modèle 35 ou 40 ne représente aucune difficulté majeure.
Une mission avec beaucoup de pertes…
Un des mérites du film est de multiplier le péripéties, le groupe se heurtant aux difficultés le plus diverses, typiques des aléas des missions menées par le LRDG: attaque d’avion puis d’une automitrailleuse, la fuite à pied après abandon des véhicules, qui est un classique des récits de ces raids héroïques. Comme à l’accoutumée, les Allemands, bien naïfs, se laissent berner par le moindre Britannique portant leur uniforme et parlant leur langue sans le moindre accent…
Le réalisateur n’a pas oublié de montrer de façon réaliste les bivouacs et les diverses tâches auxquelles hommes de troupe et cadres sont assujettis. On assiste au quotidien des soldats: un aspect toujours bienvenu dans les films de guerre. La discipline informelle qui prévaut au sein du LRGD est bien mise en évidence. L’ambiance de la base située dans l’oasis est également très bien rendue: on peut se croire en 1941-2 à Jalo ou à Siwa, ou encore à Koufra.
On pourra toutefois regretter le caractère stéréotypé de certains personnages: que ce soit le blessé qui est abandonné par ses camarades, joué par Percy Herbert (habitué à des rôles de soldats, que ce soit dans Le Pont de la Rivière Kwaï ou Les Canons de Navarone), ou, plus encore, le Captain Willimas qui se sacrifie pour les autres, oubliant qu’il est marié et père de famille. Le personnage joué par Richard Attenborough (le futur réalisateur d’Un Pont Trop Loin), qui ressemble à s’y méprendre à un célèbre raider, tient en quelque sorte le rôle du soldat un peu plus farfelu que la moyenne: on peine à imaginer qu’un véritable membre du LRDG ait tronqué l’eau de sa gourde pour de l’alcool, car il s’agit ici d’une question de survie, un aspect essentiel sur lequel on ne transigerait pas et qui équivaudrait à être rayé des cadres de l’unité.
En haut, l’acteur Richard Attenborough. En bas, le Trooper « Bluey » Grimsey, véritable membre du LRDG.
Au final, un beau film d’aventures sans prétention qu’il faut prendre pour tel, et que ne saurait négliger un passionné de la guerre du désert, davantage encore un féru des missions et raids du SAS et du LRDG, même si d’autres films, que nous examinerons, traitent du sujet: Un Taxi pour Tobrouk, Enfants de Salauds, Tobrouk. Commando pour l’Enfer, etc.
Un affiche de film qui s’apparente aux couvertures de bandes-dessinées du type « Attack » des années 1960-1980
Les Diables du Désert (Sea of Sand) est un film britannique de Guy Green datant de 1958. Cette œuvre est consacrée à l’épopée du Long Range Desert Group (LRDG), l’une des plus célèbres unités britanniques opérant sur les arrières de l’Axe au cours de la guerre du désert. Avant tout unité vouée au renseignement, le LRDG a lancé des raids à l’occasion, parfois avec de lourdes pertes (cf mon article dans Batailles & Blindés N°62 dans lequel je fourni une typologie des nombreux types d’opérations menées par les raiders).
Le « Road Watch », l’observation du trafic routier ennemi sur la Via Balbia (seul route macadamisée en Libye, le long de la côte), constitue la mission essentielle du LRDG: elle est évoquée dans le film.
Guy Green s’est assuré les conseils de Bill Kennedy Shaw (dont il faut lire Patrouilles du Désert, un des rares livres traduits en français permettant de découvrir l’épopée du LRDG), un des cadres du LRDG d’origine, ami de Ralph Bagnold, le créateur de l’unité avec lequel il a parcouru le Désert Occidental au cours des années 1930.
Le Captain Tim Cotton, le baroudeur, dont l’échec d’une liaison amoureuse n’apporte rien au scénario…
Le Captain Williams: en apparence l’officier rigide qui ne suit que le règlement.
Les Diables du Désert raconte une mission périlleuse menée contre un dépôt de carburant ennemi en 1942, peu avant la bataille d’El Alamein (ce qui est une référence à l’opération Agreement, lancée en septembre 1942; cf aussi mon article sur Un Taxi pour Tobrouk), mission au cours de laquelle la tension ne cesse de monter entre les deux officiers du convoi: son chef, le non-conformiste Captain Tim Cotton, et un spécialiste des mines, le Captain Williams; beaucoup plus à cheval sur le règlement.
Ci-dessus: les remarquables Chevrolet du film, dotés de tous les impedimenta d’une mission dans les profondeurs du désert.
Ci-dessous: les véritables Chevrolet 30 cwt en 1942
Le film a été tourné en Libye, avec le bénéfice d’un matériel roulant remarquable : le spectateur a l’illusion d’assister aux évolutions d’un groupe de Chevrolet du LRDG (pas moins de 5 Chevrolet 30 cwt partent en mission!) … Les blindés allemands sont moins convaincants, dont les éternels halftracks américains M3 maquillés en Sdfkz 251… Si l’allure générale des tenues, les détails des coiffures (notamment la variété de celles-ci) et l’équipement des Britanniques est de qualité (même si les mitraillettes Sten ne sont pas en service à cette date : les raiders devraient être armés de Thompson), les Allemands sont de nouveau négligés, y compris, bizarrement, leurs casques, alors que mettre la main sur une poignée de Stahlhelm modèle 35 ou 40 ne représente aucune difficulté majeure.
Une mission avec beaucoup de pertes…
Un des mérites du film est de multiplier le péripéties, le groupe se heurtant aux difficultés le plus diverses, typiques des aléas des missions menées par le LRDG: attaque d’avion puis d’une automitrailleuse, la fuite à pied après abandon des véhicules, qui est un classique des récits de ces raids héroïques. Comme à l’accoutumée, les Allemands, bien naïfs, se laissent berner par le moindre Britannique portant leur uniforme et parlant leur langue sans le moindre accent…
Le réalisateur n’a pas oublié de montrer de façon réaliste les bivouacs et les diverses tâches auxquelles hommes de troupe et cadres sont assujettis. On assiste au quotidien des soldats: un aspect toujours bienvenu dans les films de guerre. La discipline informelle qui prévaut au sein du LRGD est bien mise en évidence. L’ambiance de la base située dans l’oasis est également très bien rendue: on peut se croire en 1941-2 à Jalo ou à Siwa, ou encore à Koufra.
On pourra toutefois regretter le caractère stéréotypé de certains personnages: que ce soit le blessé qui est abandonné par ses camarades, joué par Percy Herbert (habitué à des rôles de soldats, que ce soit dans Le Pont de la Rivière Kwaï ou Les Canons de Navarone), ou, plus encore, le Captain Willimas qui se sacrifie pour les autres, oubliant qu’il est marié et père de famille. Le personnage joué par Richard Attenborough (le futur réalisateur d’Un Pont Trop Loin), qui ressemble à s’y méprendre à un célèbre raider, tient en quelque sorte le rôle du soldat un peu plus farfelu que la moyenne: on peine à imaginer qu’un véritable membre du LRDG ait tronqué l’eau de sa gourde pour de l’alcool, car il s’agit ici d’une question de survie, un aspect essentiel sur lequel on ne transigerait pas et qui équivaudrait à être rayé des cadres de l’unité.
En haut, l’acteur Richard Attenborough. En bas, le Trooper « Bluey » Grimsey, véritable membre du LRDG.
Au final, un beau film d’aventures sans prétention qu’il faut prendre pour tel, et que ne saurait négliger un passionné de la guerre du désert, davantage encore un féru des missions et raids du SAS et du LRDG, même si d’autres films, que nous examinerons, traitent du sujet: Un Taxi pour Tobrouk, Enfants de Salauds, Tobrouk. Commando pour l’Enfer, etc.
Un affiche de film qui s’apparente aux couvertures de bandes-dessinées du type « Attack » des années 1960-1980
L’AFRIKAKORPS AU CAIRE, 1942 : LE PLAN DE ROMMEL
IL Y A 80 ANS : “TUNISGRAD”, IMMENSE VICTOIRE ALLIEE EN TUNISIE
LE CONTENU D’UN LIVRE ORIGINAL: 3 MINUTES POUR COMPRENDRE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
MON DERNIER LIVRE : LA TETE DE PONT DE L’ORNE
Recension “Philippe II & Alexandre le Grand”